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Crise monétaire en Turquie : "Certains prix augmentent plusieurs fois par semaine, j’ai peur que ça ne s’arrête jamais"

La crise entre la Turquie et les États-Unis, ajoutée à une situation économique déjà difficile, pèsent sur le quotidien des Turcs, qui voient leur pouvoir d’achat baisser.

Article rédigé par franceinfo - Anne Andlauer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La dépréciation de la livre turque et le conflit avec les États-Unis ont de lourdes conséquences sur le niveau de vie des Turcs. (YASIN AKGUL / AFP)

La dépréciation de la livre turque et le conflit avec les États-Unis ont de lourdes conséquences sur le niveau de vie des Turcs. L’inflation bat des records dans le pays. Même le simit, ce petit pain en forme d’anneau au sésame, dont la Turquie a fait son symbole, n’est pas épargné par la hausse des prix. "Mon sésame et ma farine sont en partie importés et leur prix est indexé sur le cours du dollar. Le prix du sésame augmente d’une à deux livres par mois. Cela fait grimper mes coûts de production. Je gagne moins d’argent", raconte Emir Özdemir, petit chef d’entreprise à Istanbul.

À côté de son four à bois, où il fait cuire ses simits à l’ancienne, un écran de télévision a été installé. Emir y suit, quasiment heure par heure, les hauts et les bas de la livre turque, pendant que la pâte lève tranquillement dans le four. Farine, sel, eau, levure, mélasse et sésame : la recette des simits est simple, mais elle coûte de plus en plus cher.

Des prix en hausse qui pèsent sur le budget des familles

Comme tous les fabricants de ces petits pains, Emir n’a le droit de changer ses tarifs qu’une seule fois par an. Cette année, le prix de l’anneau de sésame a augmenté de plus de 16%, comme le taux d’inflation actuel, passant de 1,25 livre à 1,50 livre. "L’an prochain, une nouvelle hausse est inévitable. Tous les Turcs seront touchés. Du plus riche qui mange son simit par plaisir, au plus pauvre qui le mange par nécessité", croit savoir Sémit.

L’inflation à deux chiffres est une réalité pour les Turcs depuis mars 2017. Mais ces derniers mois, avec la dépréciation de la livre et maintenant son effondrement, les prix s’envolent. Hatice Sezen, une enseignante à la retraite, s’en plaint chaque fois qu’elle fait ses courses : "Parfois, les prix augmentent plusieurs fois dans la semaine. Les légumes, les fruits, le fromage, les olives, les produits d’entretien… Tout ! J’ai peur que cela ne s’arrête jamais. À cette époque de l’année, j’avais l’habitude de manger de belles tomates. Je ne peux plus me le permettre."

Même les couches pour bébé sont importées, elles sont de plus en plus chères.

Mehmet, un habitant d'Istanbul

à franceinfo

Cette Turque ne cite même pas le prix des produits importés, qui flambent à mesure que la livre plonge. Mehmet, un employé, est tout aussi inquiet : "L’essence, certaines voitures, tout ce qui arrive de l’étranger est en train de devenir hors de prix. Dans notre famille, nous avons dû restreindre nos dépenses." Dès lors que les Turcs, notamment ceux des classes moyennes et défavorisées, sont touchés au porte-monnaie, l’effondrement de la livre devient un risque politique pour Recep Tayyip Erdogan. Raison pour laquelle le président turc met la crise sur le compte d’un complot de puissances étrangères.

La crise monétaire touche les Turcs au porte-monnaie, le reportage franceinfo à Istanbul d'Anne Andlauer

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