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Chypre, île divisée et sous perfusion

Le 25 juin 2012, Chypre l'Européenne a demandé l'aide financière de l’Union pour son secteur bancaire défaillant. Mais au-delà de la crise dans la zone euro, le problème chypriote ne date pas d’hier : la partition entre les deux parties de l’île, grecque et turque, gêne considérablement son développement commercial.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Bruxelles, le 27 juin 2012 : des Chypriotes turcs dénoncent les violations des droits de l'Homme et l'isolement. (AFP PHOTO GEORGES GOBET)

Entré dans l'Union européenne en 2004 et dans la zone euro en 2008, Chypre est le 5e pays de l'Union, après la Grèce, l’Espagne, l’Irlande et le Portugal, à faire cette démarche auprès des autorités de Bruxelles.

Sa forte exposition à l'économie grecque (22% des exportations de Chypre sont destinées à la Grèce et la plupart des banques chypriotes ont étendu leurs activités dans ce pays et inversement) est la principale cause des difficultés de son puissant secteur financier.

D’un point de vue économique, politique, et diplomatique, Chypre l’hellénophone s’appuie sur son voisin grec (l’île se situe à 480 km de Rhodes).

Une indépendance émaillée de violences intercommunautaires
Après plusieurs siècles de domination ottomane puis britannique, Chypre devient indépendante en 1960.

Une surreprésentation de la minorité turcophone dans les instances dirigeantes (18% de la population et 30% des sièges au Parlement et au gouvernement) envenime une situation déjà instable.

Dès 1963, de violents affrontements intercommunautaires (95% de chrétiens orthodoxes dans la partie grecque) se font jour. Dès 1964, l'ONU envoie sur place une force d'interposition.

 

CARTE CHYPRE (AFP/LF)

 

1974 : l’armée turque débarque au nord-est de Chypre
L'invasion est la réponse d’Ankara à un coup d'Etat de nationalistes grecs, pilotés par des officiers acquis au régime des colonels, qui veulent le rattachement de l'île à la Grèce.

Sous prétexte de protéger les Chypriotes turcs, la Turquie annexe 36% du territoire. Dès lors, une ligne de démarcation – où stationne, depuis, la Force des Nations-Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) – marque la partition entre les deux camps. D’un côté, la République de Chypre, européenne (840.000 habitants); de l’autre, la République turque de Chypre du Nord autoproclamée en 1983 (200.000).

Cette dernière est reconnue par la seule Turquie qui y maintient une force militaire de 40.000 hommes.

La République de Chypre, une micro-économie
Ses ressources : le tourisme, le transport maritime et les services, financiers surtout. Le secteur tertiaire (2/3 du PIB) employait encore 70% de la population active en 2011.

Une croissance nulle en 2011 et en recul probable en 2012 ; un taux de chômage à 7,8% en 2011, 9,8% prévus en 2012, et un déficit budgétaire de 7% du PIB en 2011… sont autant d’indicateurs économiques qui ont viré au rouge.

L’explosion d'un dépôt de munition ayant entraîné la destruction de la principale centrale électrique de l’île, le 11 juillet 2011 (2 milliards de dégâts), a enfoncé le clou du déficit. Comme remède à la crise, le gouvernement mène depuis la mi-2011 une politique de rigueur, avec hausse de la TVA et réorganisation des prestations sociales.

 

Référendum en 2004 à Chypre

JT20h de France2, le 24 avril 2004

 

La République turque de Chypre du Nord sous perfusion turque
La partie turque est dotée d'un gouvernement et d'un président, mais ils sont chapeautés par l'ambassadeur de Turquie qui supervise et fait appliquer les ordres d'Ankara, support économique du nord de l'île. Son seul mot d’ordre aujourd’hui : l’austérité.

Un embargo touche cet Etat fantôme (situé à 65 km des côtes turques), inféodé à la Turquie, non-reconnu par Bruxelles et la communauté internationale, pour qui ce territoire est occupé.

Les Turcs, musulmans venus d’Anatolie après 1974, sont désormais plus nombreux que les Chypriotes sur cette zone qui aujourd’hui trouve dans le tourisme et l’industrie du jeu une partie de ses ressources (à l’origine parfois douteuse).

L’occupation turque bloque son adhésion à l’UE
La Turquie, qui ouvert en 2005 des négociations d’adhésion à Bruxelles, a averti en 2011 qu'elle romprait ses relations avec la présidence de l'UE durant le semestre de présidence chypriote à partir du 1er juillet 2012, si les négociations sur la réunification de l'île n’avançaient pas.

D’un point de vue juridique, toute l'île est entrée dans l'Union européenne, mais l'acquis communautaire ne s'applique qu’au sud car, dans le nord, la République de Chypre n'exerce pas de contrôle effectif.

Dernières tensions en date entre les deux parties, qui font aussi obstacle à l’adhésion turque à l’UE, le lancement par Ankara, au large de la partie turque, de programmes d’exploration de ressources gazières et pétrolières.

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