Accident minier en Turquie : les raisons de la colère
Trois jours après la catastrophe, dont le bilan devrait atteindre les 300 morts, les manifestatins se sont multipliées à travers le pays. Francetv info vous explique les causes de ces tensions.
Le deuil et la colère. Le bilan a de nouveau été revu à la hausse, vendredi 16 mai, alors que les difficiles opérations de secours se terminent dans la mine de Soma, dans l'ouest de la Turquie. Trois jours après l'explosion qui s'est produite dans cette mine de charbon, des manifestations pour dénoncer la responsabilité du gouvernement dans la catastrophe ont été réprimées par la police dans les grandes villes turques.
Francetv info vous explique pourquoi cet accident minier accentue l'exaspération et la colère sociale en Turquie.
L'un des pires drames industriels de l'histoire du pays
Le dernier bilan en date fait état de 284 morts et de 18 disparus. Et l'espoir de retrouver vivants les mineurs encore coincés sous terre s'amenuise, alors que les secours fournissent vendredi leurs derniers efforts. Le ministre de l'Energie a prévenu vendredi matin que le bilan total de la tragédie devrait s'élever à "301 ou 302 morts".
L'accident est sans doute la plus grave catastrophe industrielle de l'histoire turque. Le nombre de morts dépasse celui du coup de grisou qui avait coûté la vie à 263 mineurs, en 1992, dans la province de Zonguldak. Un drame qui avait marqué les esprits.
La colère d'un peuple face à une catastrophe récurrente
Le régime du Premier ministre islamo-conservateur est accusé de négligence et d'indifférence vis-à-vis du sort des travailleurs, voire de violences délibérées. "Des explosions comme celle-là dans des mines se produisent tout le temps", a expliqué sur place, jeudi, le Premier ministre, tentant de mettre l'accident sur le compte de la fatalité, avant d'être hué et violemment pris à partie par la population locale.
Un Premier ministre clivant et contesté
Pour Recep Tayyip Erdogan, cette catastrophe tombe à un mauvais moment. Le chef du gouvernement islamo-conservateur doit en effet briguer la présidence de la République en août. Il a réussi à contenir un vaste mouvement de protestation parti d'Istanbul en juin 2013, dont la place Taksim fut l'emblème.
Fragilisé ensuite par la révélation en décembre d'un vaste scandale de corruption mettant en cause son régime et sa personne, Recep Tayyip Erdogan est sorti néanmoins renforcé d'élections municipales que son parti a remportées en mars. Mais sa gestion de cette catastrophe, qui touche avant tout la classe ouvrière turque, de tradition conservatrice et qui constitue une part importante de son électorat, prouve à nouveau, selon ses opposants, que le Premier ministre est de plus en plus éloigné des préoccupations de la population.
Le mois de juin marquera le premier anniversaire de la contestation de "Taksim" et de sa violente répression, à deux mois de l'élection présidentielle qui s'annonce troublée pour la Turquie. Si Erdogan reste favori aux yeux des observateurs, la "catastrophe de la mine de Soma pourrait bien polariser davantage la société turque, déjà divisée entre partisans et adversaires du Premier ministre", estime RFI.
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