Tunisie : condamnation allégée pour le rappeur Weld el 15
" C'est une victoire pour la liberté, la démocratie, pour Weld el 15 qui n'a
fait qu'un travail artistique " . A sa sortie de la cour d'appel de Tunis, Ghazi Mrabet, l'avocat du rappeur tunisien, ne masquait pas sa satisfaction. Condamné en première instance à deux mois de prison ferme, son client a vu sa peine allégée en appel. Condamné à six mois de prison avec sursis, il va être libéré.
"L'art était ma seule réponse"
Le 22 mars dernier, Weld el 15 - de son vrai nom Ala Yaacoub - avait été condamné par coutumace à deux ans de prison ferme pour avoir qualifié dans un clip diffusé sur sur YouTube les policiers tunisiens de chiens. "Je ne faisais qu'utiliser le langage de la police. Ils m'ont agressé verbalement et physiquement. En tant qu'artiste, l'art était ma seule réponse. Je leur ai donné de l'art violent " , s'était défendu l'artiste sur Internet.
Critiqué par le chef du gouvernement
Cette peine très sévère pour avoir insulté et menacé des policiers dans sa chanson "Boulicia Kleb" (Les policiers sont des chiens) avait été vivement critiquée par l'opposition mais aussi par des responsables du gouvernement tunisien, tels le ministre de la Culture et celui des Droits de l'Homme.
A l'inverse, le chef du gouvernement, l'islamiste Ali Larayedh, avait estimé lundi que cette affaire ne relevait pas de la liberté d'expression. "Il n'est pas jugé sur la base de son art ou de la liberté d'expression mais pour avoir appelé à la haine, au meurtre de policiers et magistrats. Il a fait des gestes tout ce qu'il y a de plus obscène" , a-t-il estimé dans un entretien à la chaîne d'information en arabe France 24.
Scènes de joie à Tunis
Le musicien de 25 ans avait, dans un premier temps, pris la fuite après l'arrestation du réalisateur Mohamed Hedi et de l'actrice Sabrine Klibi, qui avaient pris part au clip. Le 12 juin dernier, il avait fini par être écroué après s'être livré aux autorités. Après la décision de la cour d'appel de Tunis mardi, il devrait retrouver la liberté.
L'annonce de la sentence a déclenché les cris de joie de quelques dizaines
de proches et amis du rappeurs présents devant le tribunal.
"Liberté Weld El 15" , ont-ils notamment scandé.
La journaliste Hind Meddeb réfugiée en France
Dans cette même affaire, la journaliste Hind Medded, interpellée par la police tunisienne le 13 juin pour avoir soutenu Weld el 15, doit toujours comparaître devant la justice tunisienne, le 7 octobre prochain.
Choquée par son arrestation, celle qui dit aujourd'hui ne plus avoir "confiance dans la Tunisie d'aujourd'hui" s'est réfugiée en France le 16 juin dernier. Elle affirme vouloir "continuer à partir de Paris [sa] lutte pour les libertés, toutes les libertés, de la liberté d'expression à la liberté de conscience ".
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