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Vidéo "Entre nous, on se dit que ça ne sert à rien" : le blues d'un soldat de l'opération Sentinelle

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Envoyé spécial. "Entre nous, on se dit que ça ne sert à rien" : le blues d'un soldat de l'opération Sentinelle
Envoyé spécial. "Entre nous, on se dit que ça ne sert à rien" : le blues d'un soldat de l'opération Sentinelle Envoyé spécial. "Entre nous, on se dit que ça ne sert à rien" : le blues d'un soldat de l'opération Sentinelle
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Depuis presque trois ans, déployés sur toute la France avec arme et treillis, ils scrutent les visages en quête d'un suspect. "Envoyé spécial" a voulu savoir ce qu'il y a dans la tête des soldats de l'opération Sentinelle. Comment vivent-ils leur mission ? Dans cet extrait, l'un d'eux pointe des incohérences et dit sa frustration.

Sur tout le territoire français, aux abords des gares, écoles, monuments…, les soldats de l’opération Sentinelle se sont fondus dans le paysage. Plus personne ne s'étonne de leur présence, depuis presque trois ans qu’ils sont déployés dans toute la France. Treillis et arme de guerre en bandoulière, ils sont 10 000 à patrouiller des heures durant, scrutant les visages en quête d’éventuels suspects. "Envoyé spécial" a partagé leur quotidien. Comment vivent-ils cette mission stratégique alors qu’ils sont eux-mêmes devenus des cibles pour les terroristes ? Quel est leur rôle exact ?

Pour Clément, que le magazine a interrogé à visage caché puisqu'il est soumis à un devoir de réserve, les choses sont sans ambiguïté : Sentinelle n'est qu'une opération de communication. Ce sergent dans l'artillerie dit sa frustration : impossible de contrôler l'identité d'une personne, ni de fouiller son sac. Et de prendre un exemple qui peut faire froid dans le dos : "Si on repère une personne avec un sac à dos et un fil électrique qui dépasse, le seul truc qu'on pourra faire [...], c'est le mettre dans un coin et le garder en attendant [...] un policier. Si la personne a vraiment de l'explosif dans le sac, elle n'a qu'à [attendre d'être amenée ici] pour se faire péter."

"L'impression d'être un panneau publicitaire"

En effet, la loi est très claire : si un soldat repère une personne au comportement douteux, mais pas directement menaçant, ce n'est pas à lui d'intervenir. Il doit appeler par radio l'officier de police judiciaire du secteur, seul habilité à interpeller le suspect. D'où le sentiment d'impuissance de nombreux militaires.

Quelle est l'opinion de celui-ci sur l'opération Sentinelle ? "On est là pour faire de la présence, de la présence d'autorité, alors qu'on n'a aucune autorité, déplore-t-il. Entre nous, on parle, on se dit 'ça sert à rien, pourquoi on est là ?', on a l'impression d'être un panneau publicitaire. C'est de la dissuasion, c'est tout. C'est juste visuel."

Extrait du magazine "Envoyé spécial" du 16 novembre 2017.

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