Tentative de coup d'Etat au Burundi : tractations entre loyalistes et putschistes
Un haut gradé de l'armée burundaise a affirmé mercredi qu'il destituait le président Pierre Nkurunziza dont la candidature à un troisième mandat lors de l'élection du mois prochain provoque depuis près de trois semaines une crise politique sanglante au Burundi. Des soldats loyalistes ont parallèlement pris position autour du bâtiment de la radiotélévision publique à Bujumbura, dont ils interdisent l'accès. De nombreux civils tentent en ce moment de s'approcher du bâtiment. Des coups de feu ont été entendus dans le centre de Bujumbura.
"En ce qui concerne l'arrogance et le défi lancé par le président Nkurunziza à la communauté internationale qui lui a conseillé de respecter la constitution et l'accord de paix d'Arusha, le comité pour l'établissement de la concorde nationale décide : le président Nkurunziza est limogé, son gouvernement aussi ", a déclaré le général Godefroid Niyombaré sur une radio privée du pays. En fin de journée, le général putchiste a ordonné la fermeture des frontières terrestres et de l'aéroport de la capitale.
Négociations avec les putschistes
L'officier, qui s'exprimait depuis une caserne de Bujumbura, flanqué d'au moins trois généraux, a ajouté qu'il parlait au nom de plusieurs officiers de l'armée et de la police nationale. Mais un conseiller du président a affirmé que cette déclaration était une "plaisanterie ". Pierre Nkurunziza se trouvait ce mercredi en Tanzanie pour un sommet des dirigeants est-africains pour débattre de la crise en cours. Il a quitté le pays pour retourner au Burundi. Sur Twitter, il a annoncé qu'il n'y avait pas de coup d'Etat.
La situation est maitrisée, il n'y a pas de coup d'Etat au #Burundi
— Burundi | Présidence (@BdiPresidence) May 13, 2015
Selon un officier supérieur loyaliste, des tracations sont en cours entre les militaires fidèles au président et ceux du camp des putchistes. Il s'agit, selon cet officier "de trouver une solution qui préserve les intérêts nationaux ". Toujours selon lui, les deux parties sont "d'accord pour ne pas verser le sang des Burundais ".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a - par la voix de son porte-parole - appelé les parties à faire preuve "de calme et de retenue".
En décidant de briguer un troisième mandat, le président burundais a provoqué la colère de l'opposition, qui l'accuse de trahir la Constitution et les accords de paix d'Arusha qui ont mis fin en 2005 à la guerre civile entre Hutus et Tutsis du Burundi. Sa candidature a été toutefois validée par la Cour constitutionnelle. Plus de 20 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, le 26 avril, dans des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.