Syrie : Washington veut associer Ankara et les Kurdes à l’offensive contre Raqqa
A quelques jours de la rencontre prévue le 16 mai 2017 entre les présidents américain et turc à Washington, la Maison Blanche a donné son feu vert au Pentagone pour à la livraison d’armes aux miliciens kurdes syriens des Unités de protection du peuple (YPG) engagés dans la bataille de Raqqa.
Washington va augmenter son soutien logistique aux combattants kurdes du YPG
Washington qui fournit déjà des armes aux Forces démocratiques syriennes (FDS), au sein desquelles combattent les forces du YPG, va donc augmenter son soutien logistique direct aux forces kurdes.
Selon un responsable américain anonyme, cité par l’AFP, mitraillettes, armes légères, munitions et véhicules blindés vont ainsi être livrés à la milice kurde de Syrie dans la perspective de l’offensive contre le fief syrien de Daech.
Lancées depuis novembre 2016 dans des opérations pour isoler la ville, les FDS ont salué une décision «importante» de la Maison Blanche qui va «accélérer la défaite du terrorisme».
L’annonce «officielle de ce soutien est le résultat de la grande efficacité des YPG et l’ensemble des FDS dans les combats contre le terrorisme en Syrie», a commenté à l’AFP Talal Selo, le porte-parole des Forces démocratiques syriennes.
Ankara juge «inacceptable» la décision américaine
De son côté, la Turquie a aussitôt manifesté sa colère après une telle décision. «Fournir des armes aux YPG est inacceptable», a protesté le vice-Premier ministre turc Nurettin Canikli, premier responsable à réagir à la décision de Washington. «Nous espérons que l’administration américaine mettra un terme à cette erreur», a-t-il ajouté.
Pour Ankara en effet, les YPG sont le pendant du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation séparatiste des Kurdes de Turquie classée «terroriste».
«Les YPG et le PKK sont des groupes terroristes, il n’y a aucune différence entre eux. Et chaque arme qui leur parvient représente une menace pour la Turquie», a prévenu Mevlüt Cavusoglu, le chef de la diplomatie turque.
Les décisions en apparence contradictoires de Washington vont-elles dynamiter les espoirs du président Reccep Erdogan de voir Donald Trump, faire marche arrière sur le soutien accordé par Barack Obama aux milices kurdes ? Rien n’est moins sûr.
Un armement délivré avec parcimonie et à bon escient
Le secrétariat américain à la Défense a déjà sorti les pare-feux. Le matériel fourni aux FDS a vocation à être limité et sera délivré «au fur et à mesure que les objectifs seront atteints», a indiqué le porte-parole du Pentagone.
Depuis le Danemark, le secrétaire d’état à la Défense, James Mattis, s’est efforcé de rassurer Ankara avant même l’annonce de la décision d’armer les Kurdes.
«Notre intention est de travailler côte à côte avec les Turcs pour faire tomber Raqqa. Nous allons régler cela et nous allons déterminer la façon dont nous allons le faire», a déclaré le chef du Pentagone.
Des propos qui confirment la volonté de Washington d’actionner tous les leviers à sa disposition dans la région.
Armer les combattants FDS et les YPG est pour le Pentagone «une nécessité pour assurer une nette victoire à Raqqa». «Les FDS, avec le soutien des Etats-Unis et des forces de la coalition, sont la seule force sur le terrain qui puisse s’emparer de Raqqa avec succès», a expliqué Dana White, la porte-parole du Pentagone.
Dans le même temps, «nous sommes tout à fait conscient des inquiétudes de la Turquie, notre partenaire de coalition, en matière de sécurité», a encore expliqué Dana White, rappelant que les Etats-Unis étaient «déterminés» à protéger leur «allié de l’OTAN».
Une manière d'assurer à la coalition internationale emmenée par Washington l’accès à la base aérienne turque d’Inçirlik pour mener ses frappes contre Daech et fournir ainsi une couverture aérienne aux combattants syriens et kurdes au sol.
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