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Syrie : tours et détours électoraux du président Bachar al-Assad
Facteur de blocage des pourparlers de paix entre le régime et l’opposition sur la transition en Syrie, le président syrien a lancé un nouveau ballon sonde. Selon l’agence officielle russe Novosti, il s’est dit prêt à tenir une élection présidentielle anticipée avant la fin de son mandat en 2021. Tour de passe-passe ou alignement sur la résolution 2254, Bachar al-Assad entretient le suspens.
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Dans un entretien accordé à l’agence de presse officielle russe Novosti, le président syrien s’est dit prêt à la tenue d’une élection présidentielle anticipée.
«Y a-t-il une volonté populaire pour tenir des élections présidentielles anticipées ? Si oui, je n’ai pas de problème avec cela», a affirmé Bachar al-Assad, dont le troisième mandat de sept ans s’achève en 2021.
Bachar al-Assad pour une élection présidentielle anticipée sans préciser s'il sera candidat
Nouveau tour de passe-passe électoral ou réel alignement sur la résolution 2254 des Nations Unies ? Sa déclaration semble répondre à la feuille de route de l’ONU, établie le 18 décembre 2015 et prévoyant la tenue d’élections parlementaires et présidentielle dans les 18 mois.
Elle intervient au lendemain du rejet par l’opposition de sa proposition de gouvernement d’union et avant la reprise attendue des pourparlers de Genève sur la transition politique dans le pays sous l’égide de l’ONU.
Le président syrien qui n’a précisé ni le calendrier d’un tel scrutin, ni s’il serait candidat une fois encore, entretient le suspens sur son avenir.
L'avenir de Bachar al-Assad facteur de blocage entre les deux grands
Pierre d’achoppement des négociations de paix et dans les relations entre Washington, qui souhaite son départ, et Moscou, qui veut que le peuple en décide, Bachar al-Assad a déjà tenté de contourner le processus de Genève.
Il avait annoncé fin février la tenue d’élections législatives le 13 avril 2016, c'est-à-dire avant la reprise du troisième round de pourparlers, suspendus depuis le 24 mars.
Alors que la Russie vient d’inviter Damas à «faire preuve de la souplesse nécessaire, dans la mesure du possible», selon la formule du porte-parole du Kremlin, le président syrien fait plutôt preuve de durcissement sur le terrain.
Washington et Paris dénoncent les frappes meurtrières du régime contre la Ghouta de Damas
Son aviation a bombardé la ville de Deir al-Assafir dans la Ghouta orientale de Damas tenue par les rebelles, faisant plus de trente morts, en majorité des femmes et des enfants.
«Horrifié» Washington a condamné ces frappes «contre une école et un hôpital de la banlieue de la capitale». Accusant le régime d’avoir violé la trêve, Paris a dénoncé «un acte abject visant à terroriser le peuple syrien et à saper les efforts de la communauté internationale en faveur d’une solution politique».
Moscou n’a pas réagi à ces bombardements, mais s’est indigné en revanche de l’information diffusée par un quotidien saoudien basé à Londres. Selon Al-Hayat, le secrétaire d’Etat américain John Kerry aurait «informé des Etats du Golfe qu’un accord était intervenu entre les Etats-Unis et la Russie sur le départ du président Assad vers un pays tiers».
«A travers ces sales fuites qui déforment la réalité, s’est emporté le chef de la diplomatie russe, Serguei Lavrov, on voit l’incapacité de Washington à contraindre certains de ses alliés dans la région et en Europe... et à reconnaître au peuple syrien le droit de choisir son dirigeant».
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