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Syrie : l’axe Iran-Hezbollah soumis à une forte pression sur le terrain
La mort du commandant militaire en chef du Hezbollah, dans une «grande explosion» près de Damas, est un coup dur pour la direction du parti chiite libanais, allié du régime syrien. Une troisième élimination ciblée d’un cadre du mouvement qui vient s’ajouter à la perte de 13 conseillers militaires iraniens en Syrie, attestant de sérieux revers pour l’axe «de la résistance», Téhéran-Damas-Beyrouth.
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«Il avait dit il y a quelques mois, je ne reviendrai pas de Syrie, sauf en martyr ou portant le drapeau de la victoire. Et il est revenu en martyr.»
Le Hezbollah reconnaît très vite la perte d'un des ses dirigeants militaires
C’est en ces termes très elliptiques que le Hezbollah a très vite reconnu la perte d’un de ses plus hauts dirigeants militaires, Mustafa Badreddine, survenu dans «une grande explosion qui a visé l’un de nos postes près de l’aéroport international de Damas», dans la nuit 12 au 13 mai.
Habituellement prompt à accuser «l’ennemi-sioniste» de ce genre d’opération, le parti chiite libanais pro-iranien a fait preuve de retenue. Il a annoncé «une enquête pour déterminer la nature et les causes de l’explosion et savoir s’il s’agit d’un bombardement aérien, un tir de missile ou d’artillerie».
Un coup dur pourtant pour Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Parti de Dieu, qui perd une des chevilles ouvrières de l’engagement de ses combattants en Syrie auprès de Bachar al-Assad.
Mustafa Badreddine avait succédé à Imad Moughniyé assassiné lui aussi à Damas
A 55 ans, Mustafa Badreddine, surnommé Sayyed Zulficar, du nom du mythique sabre à deux pointes de l’imam Ali, avait succédé au poste de commandant en chef du mouvement à Imad Moughniyé, son beau-frère, assassiné lui aussi à Damas en février 2008. Il était également l'un des cinq membres du Hezbollah accusés du meurtre de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et faisait l'objet de sanctions du Trésor américain.
En janvier 2015, le fils de ce dernier, Jihad Moughniyé, était tué par un tir d’hélicoptère israélien et en décembre de la même année Samir Kantar, autre personnalité emblématique du Hezbollah, était abattu lors d’un raid israélien près de la capitale syrienne.
Des liquidations ciblées contre lesquelles le parti d’Hassan Nasrallah n’a aucune parade mais qu’il a toujours promis de venger.
Des liquidations qui affaiblissent aussi le parrain iranien
Malgré l’absence de revendication et de précisions sur les circonstances de cette nouvelle perte pour le Hezbollah, force est de constater qu’elle porte également atteinte à la stratégie du parrain iranien de soutien au régime syrien.
Elle intervient une semaine après la mort de treize «conseillers militaires» iraniens en Syrie dans la région de Khan Touman. Une localité située à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Alep passée le 6 mai sous le contrôle des rebelles du Front al-Nosra.
Hossein Ali Rezaï, un porte parole des Gardiens de la Révolution a même reconnu que «12 des 13 corps des martyrs sont aux mains des groupes takfiris» (extrémistes sunnites), tandis qu’un député conservateur faisait état de 5 ou 6 militaires iraniens «détenus» par les rebelles syriens.
Israël entretient le doute sur les commanditaires et exécutants de ces attaques ciblées
En gardant le silence sur la mort de Moustafa Badreddine, comme il l’avait fait pour celle de Moughniyé, Israël entretient à dessein le mystère autour des commanditaires et exécutants de l’opération.
Et si le Parti de Dieu s’abstient de l’attribuer à l’Etat hébreu, c’est sans doute pour ne pas souligner l’étrange absence de réaction de la Russie engagée dans la défense de la Syrie. Pour éviter également d’avoir à riposter sur le front Sud, au Liban, alors que le front Nord, en Syrie, accapare ses forces et son attention.
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