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Syrie : l’aviation russe poursuit son soutien à la sécurisation du pays alaouite
Alors que les négociations de Genève sont au point mort et que la trêve semble devenue un vieux souvenir, les bombardements vont bon train en Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, l’aviation russe a mené des raids contre la ville d’Idlib tenue par les rebelles, faisant 150 morts et blessés. Un nouveau coup de main au régime pour refouler l’opposition hors du pays alaouite.
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Seule bonne nouvelle dans la nuit du 30 au 31 mai en Syrie, un garçonnet miraculeusement extirpé vivant des gravats d’Idlib par les sauveteurs, dans un concert d’Allahou Akbar tant le spectacle semblait incroyable à la population.
Des images d'horreurs ont circulé sur les réseaux sociaux
Une population qui venait de passer une nuit d’enfer sous les raids de l’aviation russe. Pas moins de sept frappes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, qui ont fait 150 victimes entre morts et blessés.
#Syria|n toddler pulled alive from rubble after being buried following last nights heavy airstrikes on #Idlib city. pic.twitter.com/4t9xtJpQxJ
— Sakir Khader (@sakirkhader) May 31, 2016
Aussitôt, des images d’horreur ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des enfants morts défigurés, des maisons détruites et des voitures en feu. Les avions auraient même atteint la zone de l’hôpital national de la ville, mais sans le toucher précise l’OSDH.
La Russie dément être intervenu à Idlib
Malgré les assertions de Rami Abdel Rahman, le chef de l’OSDH, et en l’absence de toute couverture libre et indépendante du conflit, la Russie a une nouvelle fois démenti ces informations.
«L’aviation russe n’a eu aucune opération militaire dans la province syrienne d’Idlib», a déclaré le porte-parole de la Défense russe, Igor Konachenkov, invitant à «juger de la manière la plus critique toutes les histoires effrayantes du tandem britannique de l’OSDH et Reuters», l’agence britannique.
Un scénario qui rappelle le bombardement systématique d’hôpitaux, tel celui tenu par MSF et la Croix Rouge, le 27 avril 2016, dans la partie d’Alep tenue par la rébellion ou celui du 15 février contre l’hôpital de Maarat al-Nouman, soutenu lui aussi par MSF.
Les hôpitaux cibles stratégiques du régime et son allié moscovite
Frapper les hôpitaux ou les centres de soins d’une ville est en effet depuis des mois une tactique délibérée du régime syrien et de son allié moscovite. Avant d’attaquer les positions tenues par la rébellion, ils détruisent ces centres névralgiques pour faire fuir la population et signifier aux combattants qu’ils n’auront plus la possibilité d’être soignés à Idlib, Alep ou ailleurs.
Les derniers raids contre Idlib braquent en tout cas les projecteurs sur cette ville du nord-ouest contrôlée par les djihadistes du Front al-Nosra, la branche d’al-Qaïda en Syrie. Située entre la frontière turque et l’axe Alep-Hama, elle est une cible stratégique du régime qui poursuit, avec l’aide des forces russes, une épuration d'un éventuel pays alaouite.
Une mise à profit par le régime de l’interruption des pourparlers de Genève pour avancer ses pions. D’autant que l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a fait savoir lors d’une réunion à huis-clos le 27 mai, que «les pourparlers de paix syriens ne pourront reprendre avant deux ou trois semaines».
Une déclaration suivie trois jours plus tard de la démission du négociateur en chef de l’opposition syrienne, Mohammed Allouche. Haut-dirigeant du groupe salafiste Jaïche al-Islam (Armée de l’Islam) soutenu par l’Arabie Saoudite, Mohammed Allouche estime que les négociations de Genève ont échoué «en raison de l’entêtement du régime et de la poursuite de ses bombardements».
La rébellion se cherche un nouveau négociateur
Il a également dénoncé l’incapacité de le communauté internationale à faire appliquer ses résolutions, «notamment en ce qui concerne l’aide humanitaire, la levée des sièges, la libération des prisonniers et le respect de la trêve».
L’opposition syrienne s’est donnée dix jours pour trouver un remplaçant à leur émissaire au sein du Haut comité pour les négociations (HCN).
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