Syrie : "La jeunesse qui n'a pas eu d'avenir est prête à partir", estime un médecin humanitaire après la chute de Bachar al-Assad
Avec la chute de Bachar al-Assad, des mouvements de population peuvent s'inscrire dans une certaine logique déjà vue par le passé, explique mercredi 11 décembre, sur France Bleu Lorraine Nord, Raphaël Pitti, un médecin humanitaire spécialiste de la zone. Pour lui, "C'est évident. D'un seul coup, les frontières s'ouvrent. La jeunesse qui n'a pas eu d'avenir est prête à partir. Et c'est normal qu'elle le fasse. Il suffit de se rappeler de 2011 et de l'effondrement de Ben Ali en Tunisie. La frontière s'était ouverte, il n'y avait plus personne pour la garder. Des milliers et des milliers de jeunes ont tenté de fuir vers Lampedusa".
Dans le sens inverse, Raphaël Pitti appelle à la prudence concernant un retour des 13 millions de déplacés et réfugiés syriens chez eux. "Tout peut encore arriver. Il n'y a pas lieu de tous revenir en même temps", soutient-il. Raphaël Pitti pointe "une situation économique qui s'est complètement effondrée".
"Le pays est détruit à plus de 60% dans ses infrastructures. Les rebelles seront incapables d'assurer la prise en charge de millions de réfugiés."
Raphaël Pitti, médecin humanitaireà franceinfo
"Imaginons que, d'un seul coup, arrivent des millions de personnes dans un pays qui est en train d'essayer de se réorganiser, projette Raphaël Pitti. Ça sera le chaos".
Le médecin appelle à la réouverture immédiate des couloirs humanitaires que les Russes avaient fait fermer. Raphaël Pitti était encore présent dans le Nord-Est du pays, il y a trois semaines. Le médecin humanitaire n'avait vu aucun signe avant-coureur de la chute de Bachar al-Assad : "Pas du tout. Ce qui était caractéristique, c'était la difficulté économique et sociale. La pauvreté. L'inflation qui était énorme". La prise du pouvoir des rebelles a "étonné tout le monde" sur place, selon lui.
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