Syrie: la fabrication de cigares, pari osé en pleine guerre
Avant la crise de 2011, la compagnie fondée en 1935 et spécialisée dans l'industrie du tabac, comptait parmi les entreprises les plus prospères du pays. Mais accusée de fournir un soutien financier au régime, elle a vu ses avoirs gelés par l’Union européenne depuis 2012 en guise de sanctions.
«L'entreprise va très bientôt lancer ses cigares sur le marché intérieur et essayer de les exporter vers des pays amis», a affirmé son directeur adjoint, Salmane al-Abbas.
Et pour que ces cigares soient «conformes aux normes internationales» lorsqu'ils sortent dans l'usine de Lattaquié, des essais ont été menés pendant trois ans. Car l’art de rouler correctement les cigares ne s’improvise pas.
C’est ce qu'explique une ouvrière quinquagénaire, Oum Ali, foulard blanc sur la tête. «Vous les femmes vous êtes habituées à faire des feuilles de vigne farcies, essayez donc de rouler un cigare», lui a lancé un jour l’ingénieur Houssam. Or, «je ne savais même pas ce qu'était un cigare», raconte-t-elle.
Fière aujourd'hui de son «cigare 100% syrien», Oum Ali avoue s’être inspirée de vidéos sur internet montrant la confection de cigares à Cuba. Dans la grande salle aux murs ornés de portraits du président Bachar al-Assad et de son père défunt, 130 ouvrières et six hommes s’emploient à trier les feuilles de tabac brun, à les tasser et à les rouler.
Leur production s’élève entre 400 à 500 cigares par jour, dont seulement quelques exemplaires sont distribués à des personnalités pour en tester le goût et vérifier la qualité.
Le cigare syrien ambitionne de concurrencer les cigares cubains. Il compte s’exporter en Iran, Russie ou Chine, des pays amis qui soutiennent le régime de Damas depuis quatre ans, ainsi qu'en Afrique.
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