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Syrie : des «guetteurs du ciel» lancent l’alerte sur les raids syriens et russes
Les avions de guerre syriens et russes bombardent tous les jours les localités contrôlées par l’opposition dans le nord-ouest du pays faisant de nombreuses victimes civiles. Pour limiter les pertes, des Syriens opposés au régime ont formé un réseau de surveillance qui prévient de l’imminence des attaques.
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«Attention un avion russe vient de décoller et se dirige vers vous.» L’alerte est lancée par téléphone par un opposant syrien posté incognito près de la base militaire dans la province de Lattaquié dans le nord-ouest du pays. Le guetteur en mission envoie son message sur l’application WhatsApp à son réseau dans les localités contrôlées par les rebelles. Les habitants ont alors quelques minutes pour se cacher dans les abris ou les tunnels.
Raids aériens et victimes civiles
L’armée russe utilise depuis fin septembre, la base militaire syrienne de Hmeimim au sud de la ville de Lattaquié dans le nord-ouest. Les bombardements aériens de Moscou censés viser les positions djihadistes ont fait en quatre mois plus d’un millier de victimes civiles, selon l’OSDH (l’Observatoire syrien des droits de l’Homme). L’intervention de Moscou a créé de nouveaux défis aux guetteurs syriens qui tentent de décoder les messages russes pour connaître la destination des avions.
VIDEO. Reportage de France 2 sur la base militaire russe de Lattaquié dans le nord-ouest de la Syrie en octobre 2016
La surveillance en réseau
Le système de surveillance et d’alerte a été mis en place il y a trois ans. Il s’est renforcé avec l’usage quotidien par le régime, de barils d’explosifs lâchés par des hélicoptères sur les villes comme à Andane dans la région d’Alep. «Andane et les villages voisins étaient frappés tous les jours par au moins dix barils d’explosifs en plus des raids. Les guetteurs et la défense civile ont joué un rôle extraordinaire en prévenant les gens sur l’arrivée des hélicoptères», souligne à l’AFP le militant Adel Bakhso.
Haut parleurs et minarets
Les alertes sont généralement relayées par les haut-parleurs installés sur les minarets des mosquées. «Quand le régime a commencé à frapper les cités avec ses avions et hélicoptères, les militants ont décidé de relier les talkies-walkies aux haut parleurs», raconte le militant Hassan Abou Nouh qui met en avant la protection des civils.
Les «surveillants» du ciel disséminés dans la région de Lattaquié et qui agissent en réseau, disent pour la plupart ne pas appartenir à des groupes rebelles spécifiques. Une information difficile à confirmer sur le terrain où les journalistes ne sont pas présents.
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