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Poutine coordonne sa stratégie en Syrie avec Israël, l’Iran et le Hezbollah

Le renforcement du soutien russe au régime syrien a commencé à porter des fruits. L’armée de Bachar al-Assad a déjà utilisé les avions de combat et de reconnaissance, livrés par Moscou, contre les positions de Daech. Fort de sa présence sur le terrain, Vladimir Poutine rassure Israël et synchronise la manœuvre avec l’Iran et le Hezbollah qui amorcerait un début de retrait du front syrien.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Vladimir Poutine a réaffirmé à Benjamin Netanyahu les relations spéciales entre Israël et la Russie lors de sa réception, le 21 septembre 2015, à la résidence présidentielle de Novo Ogaryovo. (Ivan Sekretarev/POOL/AFP)

A peine livrés par Moscou aux forces de Bachar al-Assad, les cinq avions de combat et les avions de reconnaissance ont commencé à faire des miracles dans la lutte contre le terrorisme.
 
Selon un haut responsable militaire syrien, ces appareils, arrivés vendredi 18 septembre à Lattaquié et équipés «de radars, de jumelles à infra-rouge et de missiles téléguidés», ont visé les positions de l’organisation de l’Etat islamique à Deir Ezzor, Raqa et surtout Palmyre.
 
Lors de ces raids, au moins 38 djihadistes ont été tués pour la seule journée du 21 septembre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, tandis que 17 civils dont 7 enfants trouvaient la mort dans la province de Deir Ezzor.

Vladimir Poutine, un chef d'orchestre sur le théâtre d'opération syrien 
Ces renforts en armes et en hommes dans le pays utile, encore sous contrôle du régime, ont donné à Vladimir Poutine la posture de chef d’orchestre sur le théâtre d’opération syrien.

Le président russe s’est efforcé de rassurer le Premier ministre israélien venu le jour même à Moscou faire part de ses inquiétudes, ravivées par la livraison d’armes sophistiquées à Damas. «La politique russe au Proche-Orient sera toujours responsable», a-t-il dit à Benyamin Netanyahu. «Nous n’oublions jamais qu’en Israël vivent de nombreuses personnes originaires de la Russie et cela rend spéciales les relations entre nos deux pays.» 
 
Au chef du gouvernement israélien qui accusait nommément l’Iran, l'autre allié du régime syrien, de vouloir réveiller le front du Golan au nord d'Israël, Vladimir Poutine a répondu clairement : «L’armée syrienne et la Syrie en général sont dans un tel état qu’elles ne peuvent ouvrir un deuxième front.»

Benjamin Netanyahu veut conserver sa liberté de manœuvre en Syrie 
Dès son retour en Israël, Benjamin Netanyahu a révélé qu’il s’était entendu avec Moscou sur un mécanisme de coordination militaire visant à «éviter des malentendus entre les forces israéliennes et russes» et réaffirmé qu'Israël allait conserver sa liberté de manœuvre en Syrie.
 
L’annonce de cette coordination avec Tel Aviv s’est accompagnée d’une information, largement relayée par les médias israéliens, qui pourrait constituer un tournant considérable dans le conflit syrien.
 
Citant une source diplomatique, l’hebdomadaire libanais Daily Star rapporte que le Hezbollah avait informé les autorités syriennes «que lorsque la bataille pour la ville de Zabadani sera conclue, le rôle du Hezbollah dans les combats sera terminé».
 
Le Parti de Dieu, bras armé de Téhéran au Liban, sans l’aide duquel l’armée syrienne se serait déjà effondrée, annoncerait ainsi une amorce de retrait du bourbier syrien.

Les dépouilles de combattants du Hezbollah tombés en Syrie, ramenées au Liban dans les cercueils recouverts du drapeau jaune du parti pour être inhumées à Baalbek le 21 septembre 2015. (AFP/ST)

Retrait ou repli du Hezbollah 
Le mouvement chiite libanais a-t-il trop payé en vies humaines sa bataille pour le régime syrien au risque de perdre son assise populaire ? A-t-il reçu des directives de son mentor iranien pour une telle décision ? Prépare-t-il un repli stratégique au Sud-Liban où la tension reste grande avec Israël ?
 
A en croire le rédacteur en chef d’Al-Akhbar, quotidien proche du Hezbollah, Hassan Nasrallah n’a pas dit son dernier mot. Il aurait, «à l’issue de pourparlers secrets», rejoint la coalition anti-terroriste, «la plus importante dans la région et le monde depuis des années», mise sur pied par Moscou.
 
Selon l'éditorialiste, les parties concernées par cette alliance sont «la Russie, l’Iran, la Syrie, l’Irak et le Hezbollah du Liban», qu'il appelle les 4+1, et l’accord entre eux prévoit «des mécanismes de coopération sur les plan politique, militaire et du renseignement au Proche-Orient et en priorité en Syrie et en Irak.»
 
Une confirmation en tout cas que la diplomatie moscovite entretient la coordination avec Israël, l’Iran et le Hezbollah à la fois pour maintenir son influence en Syrie.     

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