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L'axe sunnite Riyad-Doha-Ankara contre l'arc chiite iranien

Tournant significatif au Moyen-Orient, les récentes victoires de la rébellion syrienne sur le terrain ont mis en lumière un nouvel axe stratégique dans la région. Pacte ou accord tacite, «le triangle Riyad-Doha-Ankara a commencé de fonctionner», selon un expert jordanien, «et le positionnement de Salman comme nouveau commandant du monde arabe pousse les brigades rebelles à se réorganiser».
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le roi Salman Ben Abdelaziz (à droite) accueillant l'émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamad al Thani, à son arrivée à Riyad pour le sommet du Conseil de Coopération du Golfe, le 5 mai 2015. (AFP Photo/Fayez Nureldine)

De nombreux analystes s’accordent à attribuer cette progression à l’accession du roi Salman au trône saoudien en janvier 2015 et au rapprochement auquel il a procédé avec le Qatar et la Turquie sur la base de la lutte contre l’influence croissante de Téhéran au Proche-Orient. Une stratégie du plus petit dénominateur commun qui a pour principal objectif d’abattre le régime de Bachar al Assad, pièce maîtresse du dispositif de la République Islamique dans le grand affrontement en cours entre sunnites et chiites.

Objectif commun, abattre Bachar al Assad
Depuis le mois de mars, une nouvelle coalition militaire syrienne armée et financée par ces trois pays est apparue sous le label l’Armée de la conquête. Une alliance rendue possible par un assouplissement de la position saoudienne qui refusait jusque là tout soutien aux Frères Musulmans. Au total, sept groupes islamistes, ayant pour objectifs communs de lutter contre le régime de Bachar al Assad et le mouvement de l’Etat Islamique à la fois, sont désormais regroupés dans des «chambres d’opérations locales» qui ont permis à la rébellion de s’emparer des villes d’Idlib et Jisr al Choughour et de devenir une menace pour le pays alaouite, principale position de repli du pouvoir à Damas.

Changement d'attitude de Riyad 
Le changement d’attitude de Riyad permet désormais au Qatar d’officialiser son soutien à la lutte contre le régime syrien et les combattants de Daech tout en réclamant que «l’Iran donne des assurances de sa bonne foi aux Etats voisins», selon le chef de la diplomatie qatarie. «Ce dont nous avons peur, explique encore Khaled Attiyah, c’est que la question communautaire (entre chiites et sunnites) ne dégénère en conflit entre les Arabes et l’Iran. Et nous n’en voulons pas !»
 
Quant à la Turquie, en dépit de ses dénégations, elle poursuit son appui logistique au Front al Nosra, filiale d’al Qaida en Syrie intégrée à la nouvelle coalition, ainsi qu’au groupe Ahrar al Cham. Cette formation, la plus puissante dans le nord du pays, «a reçu d’importantes livraisons d’armes via la Turquie en prévision de la bataille d’Idlib. Et les a ensuite distribuées à d’autres groupes», selon un expert occidental.

Téhéran veut garder la carte syrienne 
L’apparition d’un axe sunnite doté pour la première fois d’un objectif commun n’est toutefois pas une garantie de victoire rapide. Inquiet de voir la carte syrienne lui échapper, l’Iran a lancé une contre-attaque sur les flancs du mont Qalamoun à la lisière entre la Syrie et le Liban. Le Hezbollah, bras armé chiite de Téhéran au Pays des cèdres, affirme avoir repoussé les rebelles de cette région montagneuse frontalière, et le principal conseiller du guide suprême iranien pour les affaires internationales, de passage à Beyrouth, s’est félicité des victoires du mouvement chiite libanais. Pour Ali Akbar Velayati, «cela va renforcer l’axe de la résistance, non seulement en Syrie et au Liban mais dans toute la région».

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