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L'antiterrorisme selon Poutine en cinq déclarations choc et une fausse info
«On ira les buter jusque dans les chiottes.» La déclaration la plus célèbre du président russe concernant le sort à réserver aux terroristes (tchétchènes) fait son retour sur les réseaux sociaux. Les phrases martiales vont tellement bien à Vladimir Poutine que l'on va jusqu'à lui prêter des propos qu'il n'a jamais tenus...
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«Pardonner aux terroristes dépend de Dieu, mais les lui envoyer dépend de moi.»
La phrase sonnait si bien dans la bouche de Vladimir Poutine, qui en 1999 promettait d'aller «buter les terroristes jusque dans les chiottes», que les réseaux sociaux l'ont fait tourner en boucle. Certains médias l'ont même reprise, comme Fox News ou Direct Matin. Mais celle-là est trop belle pour être vraie... La rubrique «Désintox» de Libération détaille les rebondissements de ce «hoax», ou fausse info, et tente d'en remonter la trace. Pour rendre à Denzel Washington ce qui appartient sans doute au film Man on Fire (2004).
«Nous trouverons les criminels où qu'ils soient dans le monde. Et nous les punirons. Le châtiment est inévitable.»
«Nous ne sécherons pas les larmes de nos cœurs et de nos âmes. Mais cela ne nous empêchera pas de trouver les criminels et de les punir, où qu'ils se cachent dans le monde.» Le 17 novembre 2015, après deux semaines de silence et quelques jours après les attaques terroristes sur le sol français, Vladimir Poutine a reconnu officiellement que le crash du Boieng A321 au-dessus du Sinaï le 31 octobre était bien un attentat. La bombe était dissimulée dans une canette de Schweppes – selon un mode opératoire analogue à celui employé par les auteurs des attentats à Moscou en 1999, ont relevé les médias russes.
Le président russe a précisé que des traces d’explosifs avaient été retrouvées sur les débris, selon les informations de ses services de renseignement. «On peut dire qu'il s'agit bien d'un attentat», lui a déclaré dans la nuit le chef des services secrets, Alexandre Bortnikov. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a qualifié l'attentat d'«agression contre la Russie». Et annoncé que Moscou mettrait en œuvre tous les moyens pour assurer sa sécurité, dans le cadre de la défense du pays.
«Durant cette nuit de crise au Kremlin, Poutine a été plus martial que jamais», écrit Libération. Le président russe a annoncé une intensification des frappes en Syrie : «L’action militaire de notre aviation doit être, non seulement poursuivie, mais intensifiée pour que les criminels se rendent compte que le châtiment est inévitable.» Une récompense de 50 millions de dollars a été promise à quiconque fournirait des informations sur les terroristes.
«Nous allons éliminer les terroristes en Syrie avant qu'ils ne viennent commettre des attentats sur notre sol.»
Alors que les diplomaties occidentales reprochent au gouvernement russe de ne pas cibler les positions de l'Etat islamique dans ses frappes aériennes lancées le 29 septembre 2015, voilà une façon de justifier son choix de se concentrer sur le nord-est syrien. C'est là que se regroupe l'opposition à Bachar al-Assad, soutenu par Moscou, et que sont localisés les djihadistes venus de Tchétchénie ou d'Asie centrale.
Cette déclaration peut aussi permettre de comprendre pourquoi le président russe a tardé à attribuer le crash de l'A321 à un attentat: «Les terroristes ont touché les Russes hors de la Russie et le pouvoir a été incapable de protéger ses ressortissants. Il lui était donc difficile, face à son opinion, d’admettre l’hypothèse d’un attentat», écrit le site RFI, en précisant que les autorités russes avaient tout de même suspendu «de façon préventive» les vols vers l'Egypte et rapatrié leurs 75.000 vacanciers – sans leurs bagages, ramenés en Russie par des avions cargos.
«Dites à votre président-dictateur Erdogan qu'il aille en enfer avec les terroristes de Daech»
Cette citation pourrait être un «fake» (une fausse), selon le site «novorussien» Novo24 (lien en russe et en anglais), qui la rapporte avec quelques précautions. En août 2014, après une rencontre tendue avec l'ambassadeur turc auquel il transmet son souhait de voir le président Erdogan cesser de soutenir l'Etat islamique, Vladimir Poutine aurait fini par envoyer celui-ci «en enfer avec les terroristes de Daech» et lui promettre «un «grand "Stalingrad" en Syrie». C'était avant l'«incident très sérieux» de l'avion russe abattu par la Turquie et les relations russo-turques étaient déjà mauvaises. Le gouvernement russe a depuis décidé des sanctions économiques contre la Turquie.
«Nous allons poursuivre la lutte contre les terroristes jusqu'à leur élimination totale.»
«Je suis sûr que nous allons poursuivre avec force et sans interruption la lutte contre les terroristes jusqu'à leur élimination totale», a déclaré Vladimir Poutine dans son discours de Nouvel An 2014. Deux attentats-suicide viennent alors de faire 34 morts à Volgograd et à Piatigorsk, dans le sud-ouest de la Russie.
Pour le président russe, à un mois de l'ouverture de «ses» Jeux olympiques d'hiver dans la toute proche ville de Sotchi, c'est presque une affaire personnelle. L'Emirat du Caucase, organisation proche d'al-Qaïda dirigée par l'ex-indépendandite tchétchène Dokou Oumarov, a promis de gâcher la fête avec des attentats. Ils n'auront heureusement pas lieu.
«Si vous êtes prêt à devenir le plus radical des extrémistes et à vous faire circoncire, je vous invite à Moscou. Je recommanderai que l'on fasse l'opération de telle manière que plus rien ne repousse.»
Cette réplique virile et fameuse a été prononcée lors d'un Sommet européen en novembre 2002. Elle ne s'adresse pas aux terroristes ni à leurs soutiens, mais à un journaliste du quotidien Le Monde un peu trop curieux des méthodes employées par l'armée russe en Tchétchénie. L'interprète du Kremlin s'était bien gardé de la traduire, mais elle est parfaitement audible (et sous-titrée) dans cette vidéo citée dans un reportage du 20 heures de France 2.
«On les butera (les terroristes) jusque dans les chiottes.»
«Nous poursuivrons les terroristes partout (…). Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes», avait promis Vladimir Poutine en septembre 1999, lors d’une conférence de presse à Astana, la caiptale du Kazakhstan. Il était alors le Premier ministre de Boris Elstine et venait de lancer une «opération antiterroriste» plus connue comme «deuxième guerre de Tchétchénie».
C'est l'exemple le plus célèbre du langage fleuri de Vladimir Poutine. Après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, cette phrase choc connaît un certain regain de popularité sur les réseaux sociaux français. «Cette déclaration, qui a heurté la sensibilité de certains dirigeants occidentaux à l’époque, a refait surface, et a été vivement partagée sur Twitter après le drame qui a ébranlé la France», rapporte le site pro-Kremlin RT, qui compile les tweets les plus belliqueux – et les plus favorables à cette conception de la lutte antiterroriste selon Vladimir Poutine.
Côté russe, l'expression «мочить в сортире» (littéralement «faire tremper dans les chiottes») a fait son retour sur Twitter aussi. Le célèbre caricaturiste Elkine, entre autres, l'avait illustrée avec humour.
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