Jordanie : tout le peuple derrière le roi, sauf…
Le ton guerrier du roi Abdallah II avait séduit son peuple, après la diffusion de la vidéo montrant le pilote jordanien brûlé vif dans une cage par Daech. Ils étaient des milliers à se rendre à l’aéroport d'Amman pour lui demander de venger la mort de Maaz al-Kassasbeh. Des centaines de jeunes Jordaniens ont demandé aux autorités d’ouvrir les frontières pour leur permettre d’aller se battre contre l’Organisation Etat islamique. Dans les rues d’Amman, la foule scandait «vengeance», «mort à tous les prisonniers du Daech et d’al-Qaida détenus en Jordanie».
La presse jordanienne était en diapason avec le gouvernement : va-t-en guerre. «La Jordanie va mener une guerre à outrance pour protéger nos principes et nos valeurs (...). Nous serons à l'affût de cette bande de criminels», écrit le journal gouvernemental al-Raï (lien en arabe). «L’affrontement avec le Daech est déterminant, les forces de la coalition doivent l’éliminer ou l’affaiblir très fortement», affirme al-Ghad (lien en arabe) qui, dans un éditorial, s’interroge sur l’avenir de Daech.
Le roi en chef de guerre
Après avoir écourté sa visite aux Etats-Unis, le roi Abdallah II en atterrissant à Amman s’est rendu immédiatement à Karak, à 120 km de la capitale jordanienne, pour présenter ses condoléances à la famille du pilote exécuté. Le message est sans ambiguïté : la Jordanie se vengera et continuera à faire partie de la coalition. Et aux autorités d’annoncer que l’armée de l’air avait lancé des raids contre les positions djihadistes, ce 5 février. «Le sang du martyr Maaz al-Kassasbeh n'aura pas coulé en vain et la riposte de la Jordanie et de son armée sera sévère», a affirmé le roi.
Cette unanimité affichée est mise à mal par certains courants islamistes. Le journal al-Raï pointe du doigt la position des Frères musulmans qui n’auraient pas assez condamné l’exécution du pilote «martyr» jordanien. Autre voix discordante : celle du responsable du courant salafiste dans le sud de la Jordanie, Cheikh Mohammed al-Chalabi, très proche des thèses du Daech. Le roi Abdallah II ne pourra plus faire l'économie de compter ses ennemis de l'intérieur.
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