Irak: EI utilise-t-il des armes chimiques?
Les accusations de recours aux armes chimiques par le groupe EI se sont multipliées ces derniers mois en Irak comme en Syrie. Même si, jusqu'à présent, elles semblaient sporadiques et aucun décès n'a été signalé.
Le Monde du 20 août 2015 (antidaté du 21 août) se fait plus précis. «Les 11 et 12 août, au Kurdistan irakien, près de la ville de Makhmour, l’organisation Etat islamique a fait usage d’obus et de roquettes chimiques contre deux positions tenues par des peshmergas», révèle le quotidien français.
Deux attaques auraient été menées : la première, le 11 août, contre la localité de Sultan Abdullah, la seconde, le lendemain, contre la position voisine de Jarula. «Les peshmergas présents au moment de l’attaque contre Jarula décrivent des obus de mortier et des roquettes vidées d’une partie de leur charge explosive et dispersant au moment de l’impact une poudre jaunâtre ayant provoqué une série de symptômes caractéristiques», poursuit le journal français. En clair : «J’ai tout de suite eu des difficultés à respirer, mes yeux se sont mis à pleurer. Certains vomissaient et ceux qui étaient les plus proches ont eu des cloques sur les endroits découverts de leurs corps», a raconté au Monde l’un des peshmergas présents au moment de l’attaque.
Gaz moutarde ou chlore ?
Sur le terrain, certains responsables kurdes sont convaincus que les armes qui ont frappé Sultan Abdullah étaient chargées de gaz moutarde. Mais «un haut responsable peshmerga en Irak», cité par l’AFP, a évoqué de son côté une attaque au chlore.
En mars 2015, le gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien avait déjà affirmé avoir les preuves d'une utilisation de gaz chloré par l'EI contre ses forces lors d'une attaque à la voiture piégée le 23 janvier.
De son côté, un responsable américain a indiqué à l'AFP que les Etats-Unis jugent «plausible» que le groupe EI ait utilisé du gaz moutarde. Selon des responsables officiels américains cités par le Wall Street Journal en date du 13 août 2015, l'«Etat islamique pourrait avoir obtenu le gaz moutarde en Syrie, dont le gouvernement a admis en 2013 qu’il en possédait de grandes quantités quand il a accepté d’abandonner son arsenal d’armes chimiques».
Selon Le Monde, on aurait pour l’instant affaire à des armes «rudimentaires» destinées «à semer la terreur». «De fait, la faible capacité de vaporisation des composants utilisés et le caractère limité des dégâts physiques occasionnés pourraient indiquer une fabrication plus artisanale d’armes destinées à provoquer un sentiment de panique plus que des pertes humaines». Pour un responsable peshmerga rencontré par le journal, «il s’agit d’une tactique de guerre psychologique». Mais au-delà se répand la crainte d’une généralisation de «bombes sales» au service de l’organisation djihadiste.
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