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Charles Enderlin sur un éventuel raid israélien en Syrie

Le correspondant de France 2 en Israël analyse pour Géopolis les conséquences d’une possible frappe israélienne dans la province de Damas. Le régime syrien se réserve le droit de riposter à une telle opération qui n’a pas été confirmée en Israël.
Article rédigé par franceinfo
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Un chasseur israélien F-15 au décollage le 19 novembre 2012. (AFP - JACK GUEZ)
Quand et où ce raid a-t-il eu lieu ? Et que visait-il ? Etait-ce un message politique, et à destination de qui? Ou s'agissait-il d'une opération uniquement militaire ?
Du côté israélien, silence radio, aucune confirmation ou démenti. Alex Fishman, le spécialiste des affaires militaires du grand quotidien Yediot Aharonot a écrit le 1er février: «Avec toute la finesse du plan opérationnel qui a mené à l'attaque du convoi d'armes, il ne sera plus possible de le répéter sans embraser la région. Ce genre de scénario ne peut être réalisé qu'une seule fois. Donc, si le message envoyé par les auteurs de l'attaque n'est pas compris par la Syrie et le Hezbollah, la prochaine opération ne pourra pas rester anonyme.»

Sur le raid lui même, on n'a que des détails de source étrangère. Selon les services de Bachar el Assad, tôt le 30 janvier au matin, des appareils israéliens ont bombardé un centre de recherche militaire à Jamaraya, près de Damas. Des témoins cités par l'opposition syrienne parlent d'une douzaine d'explosions. Pour leur part, la plupart des commentateurs de la presse israélienne évoquent un convoi d'armes transportant notamment des missiles antiaériens d'origine russe SA17.

En fait, le site attaqué serait le centre par où doivent transiter les armes sur le point d'être livrées au Hezbollah.

Les dirigeants israéliens ont mis en garde à plusieurs reprises: ils ne permettront pas le transfert de certains matériels à la milice chiite libanaise: armes chimiques, missiles antiaériens et sol sol, notamment des Scuds améliorés. Le message est donc essentiellement militaire. Israël empêchera tout bouleversement de l'équilibre des forces.

Patrouille israélienne le long de la frontière entre le Liban et l'Etat hébreu le 31 janvier 2013. (AFP - JACK GUEZ)

Quelle réflexion est menée en Israël sur la Syrie, notamment par rapport aux armes chimiques ? L'Etat hébreu pourrait-il s'engager dans le conflit syrien ?
Les responsables israéliens suivent de très près le déroulement de la guerre civile en Syrie et ne s'y engageront pas. Les analystes considèrent que l'effondrement du régime d'Assad affaiblira considérablement l'axe Hezbollah-Iran, mais craignent la prise de contrôle de tout ou d'une partie du territoire syrien par des éléments du Djihad mondial liés à al-Qaida.

Les Etats-Unis ont-ils été prévenus du raid, comme l'affirme la presse américaine ?
D'après ce que l'on sait, l'opération a été précédée par des contacts au niveau militaire. Le général Aviv Kochavi, le chef des renseignements militaires israéliens, était au Pentagone à Washington et le général de réserve Yaacov Amidror, le conseiller à la sécurité nationale de Benjamin Netanyahu, a effectué une visite à Moscou. La Maison Blanche a d'ailleurs lancé un avertissement au gouvernement syrien pour qu'il ne transfère pas de matériel militaire au Liban. Hillary Clinton, dans une de ses dernières déclarations, a accusé l'Iran d'accroître son implication dans la guerre civile en Syrie. Pour Téhéran, le maintien au pouvoir de Bachar el Assad est un objectif stratégique. La secrétaire d'Etat a également accusé les Russes de fournir une aide directe au gouvernement syrien.

La grande question à laquelle nous n'avons pas de réponse pour l'instant est la suivante: les Israéliens n'ont pas revendiqué le bombardement de Jamaraya et les Syriens auraient pu s'abstenir de réagir comme ils l'on fait dans le passé lors de la destruction de leur réacteur nucléaire en 2007. Alors, pourquoi ont-ils annoncé le raid et menacé Israël de représailles? Les Iraniens et le Hezbollah, également, sont montés au créneau. Les dirigeants israéliens ne croient pas en une riposte militaire des uns ou des autres. Mais précaution oblige, deux batteries antimissiles Dôme d'acier on été déployées dans le nord d'Israël.

Une chose est quasi certaine, comme l'écrit Alex Fishman, l'affaire syrienne risque d'embraser la région. Et, voyant la tension monter dans les régions, les stations de distributions de kits NBC (nucléaire, biologique, chimique) ne désemplissent pas.

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