Bachar al-Assad, l'ophtalmo frappé de cécité
Au départ, l’actuel dictateur ne se destinait pas à la politique. Encore moins à prendre les rênes d’un pays tenu d’une main de fer par son père.
Le successeur désigné de Hafez était apparemment son frère aîné, Bassel, mort en 1994 d’un accident de voiture, présenté par les autorités syriennes comme un «tragique accident». Ingénieur et officier de formation, chef de la garde présidentielle, Bassel était un amateur de bolides, aux dires de journalistes syriens. Il était parfois décrit comme «un peu plus sauvage» que son dictateur de père, pourtant peu porté à la douceur. Celui-ci avait notamment réprimé le soulèvement de Hama, répression qui avait fait entre 10.000 et 40.000 morts.
Bachar al-Assad «n’a jamais voulu s’impliquer en politique» et «ne cherchait pas la reconnaissance ou la popularité. Quand il allait à l’école, il était perçu (…) comme un enfant timide, réservé, faible, hésitant», affirme un observateur d’origine syrienne, Majid Rafizadeh, président de l’International American Council on the Middle East. Pour Ayman Abdelnour, un ancien conseiller qui l’a approché pendant ses années de formation, le futur dirigeant «était éclipsé par Bassel». «On avait l’impression qu’il en faisait un complexe. Il n’avait pas le charisme (de son frère) qui était sportif, apprécié des filles. Il avait l’habitude de parler doucement, à voix basse. Il ne posait jamais de questions (…) sur les affaires gouvernementales».
L’actuel président a fréquenté l’école francophone al-Hurriya de Damas, où il apprend le français et l’anglais, langues qu’il parlerait couramment. En 1982, il choisit d’étudier la médecine. Il se spécialise en ophtalmologie à l’hôpital militaire de Tishreen. Attiré par le style de vie occidental, il est envoyé à Londres pour compléter sa formation au Western Eye Hospital. Là, «il donnait l’impression d’adorer l’anonymat que lui offrait» la capitale britannique, rapporte Majid Rafizadeh.
Petite précision : c’est en Grande-Bretagne que le jeune médecin alaouite rencontre Asma al Akhras, une analyste financière sunnite, fille d’un cardiologue réputé, Fawaz Akhras. Le couple (qui ne s’est marié qu’en 2000) a trois enfants.
On ne trouve pratiquement aucune information sur la pratique médicale de Bachar el Assad. En 2002, un infirmier du Western Eye Hospital le décrivait comme une personnalité calme et réservée, qui «ne montrait jamais qu’il était quelqu’un de très important».
Toujours est-il que la mort de Bassel met fin à une vie londonienne apparemment fort agréable. Bachar est rappelé à Damas. Son ex-conseiller Ayman Abdelnour le perd de vue. Il ne le revoit qu’en 1996. L’homme a changé, «même sa voix avait changé». «Il avait pris de la confiance en lui, donnait l’impression d’être plus musclé». Formaté pour prendre en mains les destinées de son pays…
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.