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Bachar al-Assad accuse François Hollande de soutenir le terrorisme en Syrie

Depuis le déclenchement de la révolte syrienne en mars 2011, le président Bachar al-Assad distille ses entretiens au compte-gouttes et à bon escient. Les organes de presse font leur demande et attendent patiemment la réponse. Quand celle-ci finit par arriver, des semaines après, voire un an et demi pour France 2, elle comporte nécessairement un message nouveau dans un contexte particulier.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président Bachar al-Assad en entretien avec David Pujadas, à Damas le 18 avril 2015. (AFP PHOTO / HO / SANA)

Au cours des vingt-cinq minutes de cet entretien, le premier accordé à une télévision française, le président syrien a adopté la même attitude de déni que lors d’entretiens précédents avec Le Figaro, l’Agence France-Presse ou Paris-Match. Pour lui, ce qui se passe en Syrie n’est pas un processus de répression d’une population réclamant liberté et démocratie, c’est une guerre contre le terrorisme introduit dans le pays par les puissances occidentales avec le soutien de puissances régionales.

Bachar al-Assad a une nouvelle fois démenti avoir fait usage d’armes chimiques ou au chlore, comme il en a été accusé récemment, et encore moins de barils explosifs, une arme aveugle qui ravage de manière indifférenciée la population des villes bombardées par ses forces aériennes. Quant aux terroristes djihadistes de l'Etat Islamique, ils viennent d'Irak où leur mouvement a été créé en 2006 sous occupation américaine, selon lui. Il omet toutefois de préciser qu'il avait à plusieurs reprises fait libérer des islamistes des prisons syriennes pour aller combattre les Américains au pays de son frère ennemi Saddam Hussein.   

Interlocuteur incontournable ouvert à tout dialogue
Interrogé dans le contexte de l’après-11 janvier en France et de la multiplication des déclarations du Secrétaire d’Etat américain John Kerry, du médiateur de l’ONU Staffan de Mistura ou de quelques parlementaires français évoquant une reprise possible du dialogue avec lui, Bachar al-Assad se pose comme un interlocuteur incontournable. Il se dit ouvert à tout dialogue avec les pays occidentaux «même la France», mais à ses conditions. «Ils doivent d’abord me convaincre qu’ils ne soutiennent pas les terroristes et qu’ils ne sont pas impliqués dans l’effusion de sang en Syrie. Nous n’avons pas aidé les terroristes dans votre pays, a-t-il dit à David Pujadas, nous n’avons pas aidé ceux qui ont attaqué Charlie Hebdo.»

Bachar al-Assad disculpe Barack Obama
Accusant la France et la Grande-Bretagne de fournir armes et aides au terrorisme, en disculpant au passage «cette fois-ci» le président Obama, il précise sur le ton de la mise en garde que «le message le plus important est que ce que vous avez vu en France n’est que la partie émergée de l’iceberg. Quand on parle de terrorisme, sachez qu’il y a toute une montagne sous la mer! Soyez conscient que cette montagne s’en prendra à votre société !»
 
A la question de savoir s’il y avait eu contact avec les services de renseignement français, Bachar al-Assad a affirmé avoir rencontré certains responsables, «à la demande française», mais qu’il n’y avait pas de coopération. «Une coopération est un échange et nous n’avons rien à demander aux services de renseignement français ! Nous disposons de tous les renseignements sur les terroristes.» 

Une coopération de trente ans avec l’Iran
En revanche, sur ses soutiens extérieur, notamment celui de la République Islamique d’Iran, il estime qu’il y a «une différence entre intervention et invitation. Nous avons invité le Hezbollah libanais en Syrie, mais pas l’Iran». Selon lui, les Iraniens ne combattent pas en Syrie, mais il reconnaît : «Nous avons des relations avec l’Iran depuis trente ans. Il y a des commandants et des officiers qui vont et viennent entre les deux pays conformément à des accords de coopération très anciens.»

Concernant enfin son propre avenir, il se dit prêt à quitter le pouvoir s’il n’avait plus le soutien de la population et s’il s’avérait qu’il avait une responsabilité dans le conflit qui dévaste son pays.

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