Amnesty accuse la Russie de possibles crimes de guerre en Syrie
Les attaques russes en Syrie ont tué des centaines de civils, détruit ou endommagé des hôpitaux et des dizaines de maisons, affirme Amnesty en préambule de son rapport. L’ONG a étudié, sans se déplacer, plus de 25 attaques et en particulier six d’entre elles. Elle a interrogé par téléphone ou par internet 16 témoins de ces attaques, dont deux médecins et une dizaine de membres d’organisations médicales travaillant dans le secteur. Un mémo a été adressé aux autorités russes le 9 novembre 2015.
Cinq attaques, suspectées être des frappes aériennes russes, ont provoqué la mort de 119 civils dans des quartiers résidentiels. Une sixième a touché un hôpital où 13 civils ont été tués. L’ONG met notamment en avant la frappe sur un marché de la ville d’Ariha dans la province d’Idlib. Le 29 novembre, trois missiles se sont abattus sur la place tuant 49 civils. Là encore dénonce Amnesty, «aucune cible militaire ni aucun combattant ne se trouvait dans l’environnement immédiat. Ces raids ont pu porter atteinte au droit international humanitaire et certains pourraient même constituer des crimes de guerre.»
La Russie est également accusée d’avoir utilisé des bombes à sous-munitions, des bombes incendiaires et des bombes non guidées, qui plus est dans des régions où le groupe Daech n’est pas présent.
En parallèle, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) fait état de 2132 personnes tuées dans des raids russes depuis le début des frappes. 824 combattants rebelles sont morts, mais également 710 civils.
Moscou dément
Certains observateurs, proches des mouvements anti-Assad, laissent entendre que la Russie fait le même travail de destruction que le régime de Damas. «Des centaines de milliers de civils vivent dans ces régions où l'EI n'est pas présent... Aujourd'hui, cette vie locale est bombardée non plus seulement par le régime, mais aussi par l'aviation russe qui fait de gros dégâts», déclare le politologue libanais Zyad Majed, proche des mouvements de gauche syriens.
Toutes ces accusations mettent Moscou sur la défensive. Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a nié en bloc la responsabilité de la Russie. «Toujours les mêmes clichés et les mêmes fausses informations que nous avons déjà dénoncés avant». La défense de la Russie s’appuie sur deux points : d’une part l’incapacité d’Amnesty à vérifier qu’il n’y avait pas de rebelles, et d’autre part Moscou n’est pas la seule à utiliser l’aviation.
D’ailleurs c’est sans état d’âme qu’Igor Konachenkov a fait le bilan des cinq derniers jours des frappes (du 18 au 23 décembre) 302 sorties et 1093 cibles visées, exclusivement Daech !
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