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Syrie : la menace des armes chimiques est-elle réelle ?

François Hollande a déclaré lundi soir que l'usage d'armes chimiques par le régime syrien serait une "cause légitime d'intervention directe" de la communauté internationale. Mais de quoi dispose vraiment le régime de Bachar al-Assad ?
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Reuters)

Dimanche soir, Bachar al-Assad promettait à nouveau de vaincre la rébellion "à n'importe quel prix ". Depuis un mois environ, Damas reconnaît l'existence d'armes chimiques dans son arsenal, et brandit la menace de les utiliser si la Syrie était attaquée de l'extérieur. 

De quelles armes dispose la Syrie ?

"Le régime dispose d'un armement chimique important basé sur trois éléments
centraux : une artillerie chimique considérable, des bombes chimiques portées par avion et des armes balistiques armées de têtes chimiques
", explique Jean-François Daguzan, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et directeur de la revue Sécurité globale. Il s'agit notamment de gaz sarin et autres gaz innervants, ou de gaz moutarde.

Selon les experts, ces stocks datent des années 1970. "Cet arsenal a été construit sur une trentaine d'années, notamment après la guerre du Golan, essentiellement pour compenser la faiblesse stratégique syrienne par rapport à l'armement nucléaire israélien ; et sans doute aussi pour dissuader la Turquie quand les relations entre les deux pays étaient détestables dans les années 90 ", ajoute-t-il.

La Syrie a-t-elle déjà utilisé ces armes ?

"Vraisemblablement non ", répond le spécialiste. "Et il est peu probable que Bachar al-Assad les utilise contre son propre peuple ", considère Jean-François Daguzan. "Utiliser  les armes chimiques comme l'a fait Saddam Hussein contre les Kurdes à la fin des années 80, serait un tel seuil de violence, que les forces anti-régime pourraient prendre appui là-dessus pour intervenir depuis l'extérieur ". C'est d'ailleurs exactement ce que déclarait François Hollande lundi :"Je le dis avec la solennité qui convient : nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l'emploi d'armes chimiques par le régime (syrien), qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d'intervention directe ".

Les occidentaux sont-ils au courant de tout ?

"Je pense que la connaissance occidentale est importante, mais la connaissance israëlienne doit l'être davantage ", indique Jean-François Daguzan. "Il est évident qu'il y a un suivi de l'activité syrienne de
prolifération, mais il faut aussi noter quelque chose de très important : une artillerie
chimique vous pouvez la disperser un peu partout, vous pouvez l'étaler sur l'ensemble du pays...
" juge le spécialiste. Selon les experts, ces stocks seraient dispersés sur une cinquantaine de sites à travers la Syrie.

Les Américains, eux aussi, prennent cette menace très au sérieux. Il y a quelques jours, on apprenait que le Pentagone imaginait des scénarios tous plus dangeureux les uns que les autres, pour éviter que ces armes chimiques ne tombent entre les mains d'extrémistes islamistes ou d'ultras du régime. "C'est une hypothèse complètement nouvelle car on n'a encore jamais vu historiquement un pays doté d'armes de destruction massive (ADM) pris dans une guerre civile ", note Charles Blair, de la Fédération des scientifiques américains (FAS).

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