Syrie/Irak : les États-Unis à la recherche d'une large coalition
Les États-Unis sont désormais déterminés, après le discours de Barack Obama mercredi soir. Le président américain veut "traquer l'État islamique " où que les djihadistes se trouvent, que ce soit en Irak ou en Syrie. Et pour ce faire, Washington a besoin de rallier le maximum de nations alliées à sa cause. Si certains - le Canada, l'Italie, l'Espagne, la Pologne... - sont partants d'office (à différents niveaux : aide logistique ou militaire, humanitaire...), il reste à convaincre beaucoup d'acteurs de premier ordre.
Dix pays du Golfe aux côtés des États-Unis
Premier pas important, la réunion qui s'est ouverte ce jeudi à Jeddah, en Arabie saoudite - alliée traditionnelle des États-Unis dans la région - en présence du secrétaire d'État américain John Kerry. Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman, le Qatar, l'Egypte, la Jordanie, l'Irak et le Liban se sont assis autour de la table. L'un des buts de Washington est de renforcer sa présence militaire dans les pays de la région, sur ses bases anciennement installées, et pourquoi pas convaincre les indécis de rejoindre le combat frontal contre l'État islamique (EI). Difficile d'unir des capitales divisées, qui ont quand même réussi ce jeudi à s'entendre sur un communiqué pour marquer leur "engagement partagé de se tenir unis contre la menace que pose pour la région et le monde le terrorisme, y compris le soi-disant EI "...
Invitée autour de la table à Jeddah, la Turquie a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne prendrait pas part à des opérations militaires contre l'EI, se contentant d'un soutien humanitaire. John Kerry doit rencontrer vendredi le président Recep Tayyip Erdogan, afin de poursuivre les discussions.
Le Royaume-Uni "n'exclut rien", l'Allemagne s'en tient aux armes
Généralement allié indéfectible des États-Unis, le Royaume-Uni semble hésiter quant à sa participation à des frappes aériennes en Syrie. Selon le porte-parole de David Cameron, "en termes de force aérienne, le Premier ministre n'exclut rien et c'est notre position ". Pourtant, quelques heures plus tôt, le secrétaire au Foreign Office s'était montré ferme, excluant toute frappe aérienne en Syrie. Il avait rappelé que le parlement s'était déjà opposé à cette hypothèse l'année dernière, après la révélation d'attaques chimiques menées contre les rebelles. Et le dossier pourrait ne pas beaucoup avancer, le référendum sur l'indépendance écossaise mobilisant depuis plusieurs jours tout le gouvernement britannique.
Philip Hammond meeting with Foreign Minister #Steinmeier to discuss UK-#Germany relations @GermanyDiplo @UKinGermany pic.twitter.com/wJwbrIyhqY
— Foreign Office (FCO) (@foreignoffice) September 11, 2014
Du côté de l'Allemagne, c'est un "non" ferme et catégorique. "Non seulement personne ne nous l'a demandé, mais nous ne le ferons pas ", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Soit le contre-pied de ce que laissait entendre encore jeudi matin un conseiller diplomatique d'Anglea Merkel, qui n'excluait pas une participation "directe " de Berlin aux frappes internationales. Pour l'instant donc, l'Allemagne s'en tient à ses livraisons prévues d'armes aux combattants kurdes en Irak : 30 systèmes anti-chars, 16.000 fusils d'assaut et 8.000 pistolets. Mais le chef de la diplomatie allemande insiste : pour vaincre l'EI, l'aspect militaire ne suffit pas, il faut "une stratégie politique globale ".
La France en pointe dans la coalition
En déplacement demain vendredi en Irak, François Hollande a déjà eu l'occasion d'affirmer la position française. Paris refuse d'être attentiste dans ce dossier et n'exclut pas des frappes contre l'État islamique "si nécessaire ". Du coup, Paris consulte tous azimuts depuis quelques jours, et la France organise lundi prochain un sommet international sur l'Irak. Malgré tout, l'armée française n'a pas les moyens de s'engager pour une action de longue durée, car elle est déjà engagée au Mali et en Centrafrique. Selon de nombreux spécialistes, si Paris s'engage, ce sera pour une participation qui restera limitée.
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Reste l'épineuse question de frappes contre l'EI en Syrie, où les intérêts des Occidentaux rejoignent de fait ceux de Bachar al-Assad, dans la lutte contre les djihadistes. Hors de question pour Washington comme ses alliés de cautionner le régime, d'où une équation très délicate à trouver. D'autant que le gouvernement syrien, par la voix du ministre de la Réconciliation nationale Ali Haidar, a prévenu ce jeudi : "Sans l'accord du gouvernement syrien, toute action, quelle que soit sa forme, est une agression contre la Syrie ".
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