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Syrie : dialogue en trompe l'œil et tensions diplomatiques

Le président syrien Bachar al-Assad a officiellement ouvert deux jours de "dialogue national", pour favoriser la transition démocratique. Mais l'opposition refuse de discuter et la répression continue, faisant au moins une victime. Par ailleurs, la tension diplomatique avec les États-Unis et la France est montée d'un cran, avec la convocation des ambassadeurs à Damas, comme à Paris.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Des discussions au son du canon. C'est ce que propose le régime de Bachar al-Assad pour tenter de sortir de la révolte qui secoue la Syrie depuis le mois de mars.

La réunion sur le dialogue national s'est ouverte ce matin à Damas. Elle doit durer deux jours. Autour du vice-président Farouk al-Chareh, des membres du parti Baas au pouvoir depuis 1963, des indépendants, des intellectuels et divers représentants de la société civile. Au total 200 personnes pour dessiner la transition démocratique en Syrie, lors d'une future réunion globale, censée annoncer la naissance d'un Etat multipartite, démocratique et égalitaire.

Voilà pour le communiqué officiel. Mais dans la rue, c'est un tout autre visage que déploie le régime. Alors que la réunion débutait, des chars investissaient plusieurs quartiers de Homs et ouvraient le feu. Au moins une personne a été tuée. Les militaires ont aussi procédé à des arrestations, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH). Mêmes scènes dans le nord-ouest, à Jabal el-Zawiya. Perquisitions à Banias, dans l'ouest, où 25 personnes auraient été arrêtées et frappées. Les maisons sont investies, les meubles brisés. Détail notable : les motocyclettes sont aussi dans le collimateur de l'armée. Elles sont brûlées.

Boycott des opposants

Dans ces conditions, les opposants au régime ont refusé tout net de s'assoir autour d'une table. Ils exigent d'abord que l'armée rentre dans ses casernes, que les prisonniers politiques soient libérés et que des enquêtes soient lancées sur les crimes présumés commis pendant la répression, qui a fait 1.300 morts, selon le décompte des ONG présentes sur place.

Ambassadrice syrienne convoquée

Parallèlement, le ton est monté aujourd'hui entre la Syrie d'une part, les Etats-Unis et la France d'autre part. Les ambassadeurs des deux pays, Robert Ford et Eric Chevallier, ont été convoqués par les autorités syriennes qui ont fait part de leur “vive condamnation de leur visite à Hama sans autorisation préalable ”. Les deux diplomates se sont rendus séparément la semaine dernière dans cette ville du nord, assiégée par l'armée, où ont eu lieu de grandes manifestations anti-Assad. Damas voit dans ces déplacements la preuve “qu'il existe un soutien et un encouragement de l'extérieur pour déstabiliser le pays”.

La réponse officielle n'a pas tardé. L'ambassadrice de Syrie à Paris, Lamia Shakkour, a été convoquée dimanche soir au ministère français des Affaires étrangères qui entend protester “vigoureusement” contre des dégradations faites à son ambassade et à un consulat après la sortie de l'ambassadeur. La représentation américaine a connu de semblables scènes.

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