Réélection de Vladimir Poutine : "On est dans une société entraînée par la spirale du totalitarisme", analyse le professeur d'histoire russe Andreï Kozovoï

Le président russe a été réélu sans surprise pour un cinquième mandat dimanche, avec 87 % des votes, selon des résultats quasi-définitifs.
Article rédigé par franceinfo
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Vladimir Poutine a donné une conférence de presse à son siège de campagne à Moscou, le 18 mars 2024. (NATALIA KOLESNIKOVA / POOL)

"Il n'y a pas grand crédit à accorder à ce chiffre, c'est un scrutin écrit à l'avance", estime le professeur d'histoire russe à l'université de Lille, Andreï Kozovoï, invité lundi 18 mars sur franceinfo, alors que Vladimir Poutine vient d'être réélu au terme de l'élection présidentielle russe, avec 87 % des votes, selon des résultats quasi-définitifs. Cette réélection est surtout le signe d'un "durcissement du régime poutinien" et d'une "société entraînée vers la spirale du totalitarisme", analyse-t-il.

Selon l'historien, ce n'est donc pas le signe d'une adhésion de la population russe aux décisions du chef du Kremlin qui explique ce chiffre, puisque Vladimir Poutine "est décrié depuis février 2022 [début de l'invasion de l'Ukraine], même chez ceux qui sont les plus patriotes des Russes, c'est quelque chose qui ne lui est vraiment pas favorable et c'est la raison pour laquelle il n'en a quasiment pas parlé lors de son discours à la nation".

Une "peur" profondément ancrée

"La force de Vladimir Poutine est d'abord dans cette peur", qu'il installe de plus en plus au sein de la population russe, analyse Andreï Kozovoï. "On voit comment les moindres déviations sont désormais criminalisées. On parle d'abaisser l'âge pénal à 13 ou 14 ans, pour tous les actes dits de diversion", poursuit l'historien. Cela explique notamment qu'"il n'y a pas réellement de rébellion en Russie. On n'est pas en février 1917" car "on sait très bien comment la répression frappe aujourd'hui la moindre incartade". Une "certaine passivité" s'est installée. "Si on regarde l'ensemble des anciennes républiques soviétiques, les seules qui sont devenues des démocraties, ce sont les trois États baltes, tous les autres sont devenus des autocraties", rappelle Andreï Kozovoï.

Quant à la situation en Ukraine, grâce à cette réélection, Vladimir Poutine "a obtenu cette légitimité de façon rituelle, comme il le fait maintenant tous les six ans et il se sent les coudées franches" pour son intervention militaire, conclut l'historien.

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