Julien Théron : "Vladimir Poutine est un mystère"
Vladimir Poutine est l'un des chefs d'État les plus puissants et les plus observés dans le monde. Entretien avec Julien Théron, co-auteur avec Isabelle Mandraud de Poutine, la stratégie du désordre.
Pour replacer la Russie au centre de la politique mondiale, Vladimir Poutine perturbe les règles du jeu partout où il le peut. Franceinfo a rencontré Julien Théron, enseignant à Science Po. Il a enquêté sur cette stratégie politique, et a co-écrit, avec Isabelle Mandraud, Poutine, la stratégie du désordre. "Vladimir Poutine est un mystère", raconte-t-il. Il poursuit : "Il n’est pas étonnant de voir que ce personnage (…) soit étiqueté libéral, mais très rapidement on va s’apercevoir qu’il y a en réalité une poigne de fer derrière ce personnage".
Quels sont les fondements de la stratégie du désordre ?
"Pour affirmer ses intérêts de puissance, Vladimir Poutine ne peut pas aller au-dessus du système occidental. Il va falloir saper la puissance de l’Occident par tous les moyens (…), afin de pouvoir non pas aller au-dessus des occidentaux, mais pour faire tomber les occidentaux", assure Julien Théron. Questionné sur le fonctionnement concret de cette "stratégie du désordre", Julien Théron indique : "Il y a toujours d’abord un trouble qu’on va exploiter. (…) C’est à dire que les Russes n’initient pas le problème, mais ils vont appuyer dessus, exploiter la chose. Souvent, de deux manières : médiatiquement, avec des médias qui sont assez connus et qui sont en ligne directe avec le commandement du Kremlin, et puis par des attaques qui sont beaucoup plus discrétionnaires. C’est à dire qu’ils passent par des bots, ou des trolls (…), pour insister sur des tendances lourdes". Les réseaux sociaux sont ainsi beaucoup utilisés par l’autorité russe.
Julien Théron émet cependant quelques doutes sur l’efficacité à long terme de cette stratégie. "Prenons l’exemple du voisinage, qui est normalement le meilleur atout de la Russie, on observe que certains peuples se dressent assez fondamentalement", affirme-t-il, citant l’exemple des relations actuelles avec l’Ukraine et de la Biélorussie.
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