À Vladivostok, aux confins de la Russie, la guerre en Ukraine paraît bien loin
Le 7e Forum économique oriental s'ouvre, mercredi 7 septembre, à Vladivostok dans l'Extrême-Orient russe. L'objectif affiché de la Russie est de montrer des liens renforcés avec l'Asie.
À Vladivostok, pas de signe visible d'un pays en guerre, les véhicules n'arborent pas le Z de l'armée russe. Dans cette ville portuaire au bord de la mer du Japon, à 7 000 kilomètres de l'Ukraine, presque aucune trace de la guerre qui oppose les deux pays. L'armée russe a juste installé une tente de recrutement sur la place principale.
C'est dans ce grand port russe du Pacifique, que s'ouvre, mercredi 7 septembre, le 7e Forum économique oriental. Vladimir Poutine doit prononcer un discours à 7h (heure de Paris) sur le tournant asiatique de son pays. Le président russe souhaite envoyer un message fort à l'Occident : la Russie peut compter sur l'Asie pour trouver des approvisionnements et des débouchés économiques, des coopérations diplomatiques et militaires. Le maître du Kremlin a visité, lundi, le Kamtchatka où il a supervisé les grandes manœuvres militaires Vostok 2022 menées conjointement avec la Chine et l'Inde.
"Moscou a toujours provoqué un sentiment d'agacement ici"
À l'intérieur de la tente de recrutement de l'armée, les militaires s'ennuient fermement. Dans cette ville volontiers frondeuse, le soutien au pouvoir central n'est pas une évidence, selon Denys Djendjera, un chef d'entreprise militant des droits de l'homme : "Moscou a toujours provoqué un certain agacement ici." Ce ressentiment a toujours été présent. "Déjà à l'époque soviétique, l'éloignement a créé une sorte d'identité locale très autonome qui est que nous essayons de vivre selon notre agenda parce que le pouvoir est loin. Il tente de nous imposer des lois idiotes et nous, nous allons les adapter", explique-t-il.
Juste après l'invasion de la Russie en Ukraine, il y a eu quelques manifestations à Vladivostok, mais elles ont été sévèrement réprimées. "Un groupe est sorti et quinze personnes ont été arrêtées", raconte Sergueï Valiouline un avocat qui défend les opposants au pouvoir. "C'étaient des jeunes dipômés de l'enseignement supérieur, des jeunes qui ont un avenir et presque tous ont depuis quitté la Russie." Depuis le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a multiplié les arrestations d'opposants politiques.
"De fait, maintenant, tout le monde est résigné et fatigué."
Sergueï Valiouline, avocat qui défend les dissidentsà franceinfo
Tous sont résignés, sauf un... Guyia Kakabadze. Ici, tout le monde connaît la longue barbe de ce septuagénaire d'origine géorgienne. Il y a peu encore, il n'hésitait pas à descendre dans la rue, tout seul, pour protester. "Je suis sorti avec une pancarte "si tu es contre la guerre, viens dans mes bras". Beaucoup de gens sont venus à moi", témoigne le militant pacifiste. La réponse ne s'est pas fait attendre. "On a perquisitionné chez moi. À 5h30 du matin, les forces spéciales du FSB m'ont mis par terre, les mains dans le dos, menottées comme d'habitude", détaille Guyia Kakabadze.
Deux heures après avoir parlé à franceinfo, Guyia Kakabadze a de nouveau été arrêté pour une interview qu'il a donnée à la chaîne de télévision russe en exil, Dojd. Il sait qu'il risque la prison. Mercredi, Vladimir Poutine traversera une ville calme, vidée de tous ses contestataires.
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