Russie, sud de l'Oural. Mayak, l'un des plus grands complexes nucléaires du monde, est soupçonné d'être à l'origine des mystérieuses fuites de ruthénium-106 d'octobre 2017. C'est là que, soixante ans auparavant, s'est produite la première catastrophe nucléaire de l'Histoire, longtemps restée secrète.Mais avant la catastrophe, dans les années 1950, le site avait déjà déversé des milliers de tonnes de déchets radioactifs dans la rivière voisine. La Tetcha est l'un des lieux les plus contaminés de la planète. Une poubelle nucléaire.Il y a dix ans, 3 000 personnes vivaient encore dans le village aujourd'hui en ruines de Muslimovo. Les enfants se baignaient dans la Tetcha. Aujourd'hui, certains continuent à y pêcher et à vendre les poissons en ville, explique Guilani à "Envoyé spécial". "On a beau leur dire de ne pas le faire, il n'écoutent pas."Vingt-cinq fois plus d'anomalies génétiques qu'ailleurs en RussieGuilani et Roustam ont créé une petite ONG locale de défense de l'environnement. Les deux hommes emmènent Elise Menand au plus près de la radioactivité, au bord de la Tetcha. Près de la rive, le compteur Geiger s'affole : 12 microsieverts, cent fois la norme. Si on l'approche du sol, il passe à 17 ; posé par terre, il indique jusqu'à 35, plus de trois cents fois la norme. Pour les journalistes qui sont de passage, pas de danger, mais "pour les personnes qui vivent ici, il y a des conséquences, affirme Roustam. Notamment au niveau des gènes."Dans l'ancien village de Muslimovo, les habitants ont vingt-cinq fois plus d'anomalies génétiques que dans le reste de la Russie.Extrait de "Un mystérieux nuage", une enquête diffusée dans "Envoyé spécial" le 18 janvier 2018.