Témoignage "En Russie, les changements politiques peuvent se produire en un claquement de doigts", affirme l’opposant russe Vladimir Kara-Mourza
Vladimir Kara-Mourza entame "une troisième vie", lui qui a survécu à deux tentatives d’empoisonnement puis aux pires geôles de Vladimir Poutine. Condamné en Russie en avril 2023 à 25 ans de prison pour s’être exprimé librement sur la guerre en Ukraine, Vladimir Kara-Mourza, 43 ans, a fait partie le 1er août du plus grand échange de prisonniers entre la Russie et les pays occidentaux depuis la Guerre Froide. Seize personnes détenues en Russie et en Biélorussie ont ainsi été libérées, en échange de huit prisonniers russes, parmi lesquels des espions.
Mais l’opposant, resté à l’isolement deux années et demie, n’a rien perdu de sa liberté de parole. "Il ne faut pas oublier ceux qui sont en prison en Russie et au Biélorussie", déclare Vladimir Kara-Mourza.
"Il est inacceptable qu'en Europe, au XXIe siècle, des gens soient en prison avec des peines plus lourdes que des meurtriers, pour avoir simplement dit ce qu’ils pensent !"
Vladimir Kara-Mourzaà franceinfo
Il appelle l’opposition russe à s’unir
Le journaliste et historien en est persuadé : tôt ou tard, le régime actuel va s’effondrer. "Nous savons très bien et notre histoire en atteste, qu’en Russie, les changements politiques peuvent se produire en un claquement de doigts. Quand personne n’attend, quand personne n’est prêt, et qu’on pense que c’est impossible. Et c’est ce qui va se passer avec le régime de Poutine."
Ce polyglotte - qui a appris l’espagnol dans sa cellule "pour ne pas devenir fou" - poursuit, dans un français parfait : "Qu'est-ce qui peut être pire qu'un dictateur et un assassin avec une bombe nucléaire qui détruit un pays paisible au milieu de l'Europe en tuant des civils et des enfants ? Qu'est-ce qui peut être pire que ça ?"
Sous les applaudissements, Vladimir Kara-Mourza appelle l’opposition russe à s’unir. Il vient de rencontrer l’ancien prisonnier et oligarque Mikhaïl Khodorkovski, ou encore, la veuve d’Alexei Navalny, Ioulia Navalnaia. "C’est tous ensemble, dit-il, qu’un jour peut-être, nous pourrons faire renaître la Russie de ses cendres."
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