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Syrie: la bataille de Raqqa est imminente, mais elle durera plusieurs mois

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a révélé que la bataille contre l’Etat Islamique à Raqqa était imminente. Une annonce qui intervient au lendemain de celle de la coalition internationale anti-djihadiste réunie à Washington, promettant d’éradiquer la menace planétaire de l’EI. Une bataille que devrait toutefois prendre plusieurs mois, selon les Forces démocratiques syriennes.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

Contrevenant à un des principes de l’art de la guerre de Sun Tzu, selon lequel «un bon stratège manipule l’ennemi tout en cachant ses propres intentions», le ministre français de la Défense a révélé que la bataille contre la capitale du califat d’Abou Bakr al-Baghdadi en Syrie était imminente.

Jean-Yves Le Drian se dit convaincu que «Daech va perdre» 
«Aujourd’hui, on peut dire que Raqqa est encerclée et que la bataille de Raqqa commencera dans les jours qui viennent», a affirmé Jean-Yves Le Drian sur la nouvelle chaîne française en continu CNEWS, ajoutant: «Daech va perdre.»
 
«Cela va être une bataille très dure, mais essentielle parce qu'une fois que les deux sanctuaires auront été repris par les forces irakiennes d'un côté et les forces arabo-kurdes de l'autre, alors Daech aura vraiment des difficultés à exister», a-t-il précisé en référence à Mossoul.
 
Une annonce qui intervient deux jours après la réunion de la coalition anti-Daech, le 22 mars à Washington, à l’issue de laquelle les 68 pays la composant se sont engagés à éradiquer «la menace planétaire» que constitue l’EI.
 
Baptême du feu pour le nouveau chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson y a même promis «la mort» prochaine du calife Al-Baghdadi, comme celle d’Oussama Ben Laden en mai 2011, assurant: «Ce n’est qu’une question de temps.»

Un message à l'attention des djihadistes et des civils de Raqqa 
Erreur de stratégie ou indication délibérée? L’annonce de la bataille de Raqqa n’a rien d’innocent. Elle a valeur de message, adressé autant à l’opinion publique française qu’aux occupants de la ville tombée aux mains des djihadistes en 2014.
 
Même si certains chefs de l'EI ont commencé à déserter depuis début février, la coalition estime que de 3.000 à 4.000 djihadistes sont toujours retranchés dans la ville et que 300.000 civils y vivent encore, otages de l’EI qui s’en sert comme «bouclier humain».
 
Cible de frappes aériennes du régime, de la Russie et des pays de la coalition emmenée par les Etats-Unis, qui ont fait de nombreuses victimes dans les rangs de la population, Raqqa pourrait assister à un exode massif, similaire à celui de Mossoul, avant l’offensive toujours en cours contre la capitale de l’EI en Irak.
 
Baptisée Colère de l’Euphrate, l’opération de reconquête de Raqqa a été lancée le 5 novembre 2016 par les Forces démocratiques syriennes (FDS), regroupant des combattants kurdes, arabes et turkmènes. Elles sont soutenues par Washington et Moscou, au grand désespoir du président turc Erdogan qui s’est dit «peiné» de cette alliance avec les Kurdes du YPG.
 
Si la ville est désormais «encerclée», selon la formule de Le Drian, sur le terrain, la position des FDS la plus proche de Raqqa se trouve à huit kilomètres au nord-est de la ville. Sinon, le reste des forces se trouve toujours à une distance de 18 à 30 kilomètres, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.

Avant Raqqa, il faut prendre la ville de Tabqa, son barrage et son aéroport
De plus, «pour protéger leurs lignes arrières et empêcher l’EI de les prendre à revers, les FDS doivent prendre le contrôle et assiéger totalement Tabqa», qui ferme le lac Assad à l’ouest de la ville, selon un porte-parole ces forces.
 
Une bataille qui n’a toujours pas commencé, mais pour laquelle le Pentagone a déjà utilisé des hélicoptères d’attaque et des transports de troupes et d’artillerie pour soutenir l’offensive des FDS.
 
«Prendre Tabqa donnera aux FDS un avantage stratégique et une base de lancement nécessaire pour la libération de la ville», a expliqué de son côté le porte-parole militaire américain. Selon le colonel Joseph E.Scrocca, il faudra encore «plusieurs semaines avant que le barrage, le terrain d’aviation et la ville ne soient libérés.»

Pour le porte-parole syrien de la bataille de Raqqa, Jihan Cheikh Ahmad, «l’opération se déroule comme prévu sur deux fronts, l’est et l’ouest. Mais la libération de la ville devrait prendre plusieurs mois», a-t-il ajouté.

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