Avant Boris Nemtsov, cinq autres opposants à Poutine disparus tragiquement
Avec l'assassinat de Boris Nemtsov vendredi soir à Moscou, la liste des opposants politiques assassinés ou morts mystérieusement depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine s'allonge. Rappel de cinq précédents emblématiques.
Tué juste en face du Kremlin. Principal opposant au président russe Vladimir Poutine, Boris Nemtsov a été abattu de plusieurs coups de feu vendredi 27 février au soir, à Moscou, devant l'ancien palais des tsars. C'est un contestataire de plus du régime qui disparaît tragiquement. Francetv info rappelle cinq autres disparitions de dénonciateurs du pouvoir en place en Russie.
L'ex-oligarque Boris Berezovski
Le 23 mars 2013, l'homme d'affaires Boris Berezovski, 67 ans, réfugié au Royaume-Uni après être entré en conflit avec Vladimir Poutine, est retrouvé mort dans la salle de bain de sa résidence d'Ascot (sud-ouest de Londres), avec un lien autour du cou.
L'enquête britannique s'abstient de trancher entre suicide et assassinat. Ses incohérences sont telles qu'elles inspirent Gérard de Villiers : le maître du roman d'espionnage en tire, rappelle Le Figaro, le sujet de son dernier SAS qu'il intitule La Vengeance du Kremlin.
L'avocat fiscaliste Sergueï Magnitski
Le 16 novembre 2009, l'avocat fiscaliste Sergueï Magnitski, arrêté après avoir dénoncé une vaste machination financière, meurt dans une prison moscovite faute de soins, après une année de détention provisoire. Il était l'un des sept avocats d'un fonds d'investissement dirigé par un Britannique aux prises avec la justice russe, et le seul à être resté dans son pays.
Jeté en prison pour avoir dénoncé la captation du fonds britannique, il est maltraité. "Plus il se plaint, plus on l'affecte à des cellules immondes, inondées, sans WC, glaciales, sans eau. En un an passé en prison, Sergueï Magnitski perd vingt kilos", raconte Le Monde. Son décès suspect, après qu'il eut été roué de coups, suscite une crise entre Moscou et Washington.
La militante des droits de l'homme Natalia Estemirova
Le 15 juillet 2009, la militante pour la défense des droits de l'homme Natalia Estemirova, 50 ans, représentante en Tchétchénie de l'ONG Memorial, est enlevée à Grozny. Elle est retrouvée morte quelques heures plus tard en Ingouchie, république voisine du Caucase russe. "Son travail et sa volonté inébranlable de dénoncer les exactions commises en Tchétchénie depuis 2000 avaient fini par faire d'elle la femme à abattre dans la région", expliquait alors Le Monde.
Natalia Estemirova était, souligne le journal, "de plus en plus menacée depuis que les chars russes avaient quitté Grozny pour laisser la région entre les mains toutes-puissantes de Ramzan Kadyrov, président de la Tchétchénie, qui avait mis en place une véritable terreur d'Etat". L'ONG Memorial a explicitement accusé Ramzan Kadyrov de ce meurtre, sans que cela ne gêne le président tchétchène, toujours au pouvoir aujourd'hui. Vladimir Poutine, qui l'a constamment soutenu, l'avait nommé en février 2007 président par intérim de la Tchétchénie.
La journaliste Anna Politkovskaïa
Le 7 octobre 2006, la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa, 48 ans, qui dénonçait également les innombrables violations des droits de l'homme en Tchétchénie, est tuée par balles dans le hall de son immeuble à Moscou. Cet assassinat choque en Europe et spécialement en France, où la journaliste comptait de nombreux amis.
Sept ans après sa mort, ses assassins sont condamnés à la prison à perpétuité, mais, selon Le Monde, "le ou les commanditaires n'ont toutefois toujours pas été identifiés, probablement protégés par le Kremlin, selon les proches de la journaliste". Anna Politkovskaïa était connue pour sa ténacité à enquêter sans relâche sur les abus de pouvoir et les cas de corruption en Russie.
L'espion Alexandre Litvinenko
Le 1er novembre 2006, le transfuge Alexandre Litvinenko, 43 ans, ex-espion russe collaborant avec le MI6 britannique, prend le thé avec les hommes d'affaires et ex-agents du KGB Dmitri Kovtoun et Andreï Lougovoï.
Trois semaines plus tard, le 23 novembre, il meurt empoisonné au polonium-210, une substance radioactive extrêmement toxique et quasiment indétectable. Il devient ainsi la première victime connue d'un "assassinat radioactif". En janvier 2015, le Royaume-Uni ouvre une enquête publique dans laquelle est validée la thèse, basée sur des documents du gouvernement britannique, "établissant au premier examen la responsabilité de l'Etat russe dans la mort" de l'opposant.
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