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Les élections américaines vues de... Moscou

Un sondage publié à l’hiver 2011 par l’institut officiel des statistiques a de quoi étonner. Il indique en effet que pour 22% des Russes, «les Américains incarnent toujours l’ennemi numéro un» !
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Poignée de main au sommet entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Barack Obama. Les deux hommes se sont rencontrés en marge du sommet du G20 à Los cabos, au Mexique, le 18 juin 2012. (JEWEL SAMAD / AFP)

Le concept de guerre froide a beau être officiellement enterré depuis 25 ans, chaque jour, dans les médias officiels, des polémiques opposent Russes et Américains. L’affaire Magnitsky, la future implantation des boucliers anti-missiles de l’Otan, le prétendu soutien de Washington aux mouvements anti-Poutine, les conflits au Proche-Orient, sont autant de sujets très sensibles en Russie.

Cette opposition entretenue permet aux Russes de se persuader qu’ils sont toujours la seule puissance géopolitique capable de s’opposer aux Etats-Unis, un discours finalement proche de celui tenu entre 1945 et 1985. Les deux géants mondiaux s’opposent mais peuvent aussi être comparés, selon les critères. On peut parler d’un sentiment d’attraction-répulsion assez ancré dans la population russe quand il s’agit des Etats-Unis.

L'élection américaine à la loupe
Dans ce contexte, les principales étapes des élections américaines sont étudiées, analysées quotidiennement dans les journaux de qualité, mais aussi sur les chaînes de télévision, toutes contrôlées plus ou moins directement par le Kremlin.

Si les faits sont relatés, la place la plus importante est laissée aux commentaires subjectifs. Très souvent, ils visent à discréditer «le modèle démocratique» américain en rappelant les différents scandales observés lors du dépouillement des derniers scrutins ou en moquant les positionnements de Barack Obama ou de Mitt Romney.

Bien sûr, le pouvoir russe ne prendra pas partie pour un camp ou l’autre ; la non-intervention dans les processus électoraux étrangers est une doctrine constante de la diplomatie russe.

Russie-Etats-Unis en chiffres. (Ria Novosti)

Tout juste si le Kremlin se dit-il prêt à toute éventualité
A première vue, la politique de reset soutenue par le camp démocrate américain semble la plus confortable pour la Russie. En substance, on fait table rase des querelles du passé et on cherche à établir de nouvelles relations apaisées… Une politique qui avait séduit dans un premier temps l’entourage de Dimitri Medvedev mais qui, au final, n’a pas produit beaucoup de fruits.

Du coup, certains politologues russes affirment que le Kremlin ne serait pas fâché d’une victoire de Mitt Romney car elle justifierait, entre autres, dans la pratique, les immenses investissements militaro-policiers en cours en Russie. On en reviendrait au système des deux blocs, la Russie se retrouverait en terrain connu…

D’ailleurs, une déclaration de Vladimir Poutine datée du 10 septembre 2012 peut faire réfléchir : « Mitt Romney voit en la Russie un pays hostile, mais il se définit aussi comme un homme franc et direct. Or, on peut toujours s’entendre avec ces hommes-là

Sous entendu, «il est comme moi, fort, franc, direct. Qu’importe finalement que nous défendions des points-de-vue qui semblent inconciliables, nous sommes tous deux des patriotes… A partir de là, notre relation ne peut que progresser.»

Des relations Vladimir Poutine-Barack Obama plus complexes
La dernière rencontre entre les deux hommes, en juin 2012 au Mexique, a laissé à tous les observateurs un souvenir marquant. Les deux présidents, assis côte à côte, ne se sont pratiquement pas regardés ; leur poignée de main fut particulièrement glaciale.

Mais au-delà des agacements personnels, Vladimir Poutine est aussi un homme pragmatique. Quels que soient les résultats de l’élection américaine, il considèrera le locataire de la Maison Blanche comme un partenaire obligé. Voilà pourquoi, il gardera bien soin d’afficher une totale neutralité d’ici novembre prochain.

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