Intégration de la Finlande à l'Otan : "La zone d'influence russe se réduit très fortement", selon un chercheur spécialiste des pays nordiques
L'entrée de la Finlande dans l'Otan mardi 4 avril ajoute, selon Cyril Coulet "1 300 kilomètres de frontière commune entre l'Otan et la Russie."
"La zone d'influence russe se réduit très fortement", explique Cyril Coulet, chercheur spécialiste des pays nordiques, mardi 4 avril sur franceinfo, alors que la Finlande est devenue le 31e membre de l'Otan, après trois décennies de non-alignement militaire. De son côté, Moscou dénonce une "atteinte" à sa sécurité et a promis des "contre-mesures".
franceinfo. Ce n'est pas rien cette arrivée de la Finlande, jusqu'ici la Russie avait peu de frontières avec des pays membres de l'Otan...
Cyril Coulet. Pendant la Guerre froide, on avait un petit bout du territoire norvégien et la frontière avec la Turquie. Là, la Finlande ajoute plus de 1 300 kilomètres de frontière commune entre l'Otan et la Russie. Par ailleurs, elle vient quasiment fermer l'espace de la mer Baltique, ce qui n'est pas non plus un enjeu mineur pour la Russie. La zone d'influence russe se réduit très fortement. L'enclave de Kaliningrad se retrouve encore plus isolée et les pays Baltes se retrouvent confortés dans leur situation stratégique par rapport à la Russie. Donc il y a un basculement qui n'est pas neutre pour la Russie, puisqu'elle voit son influence dans la région du Nord et ses possibilités d'action se réduire.
Le fait qu'il n'y ait pas de "zone tampon" entre les pays de l'Otan et la Russie constitue-t-il un risque pour la communauté internationale ?
La Russie a démontré, en proposant le statut de "neutralité" à l'Ukraine en février 2022, juste avant son invasion, que le statut de neutralité n'offrait pas forcément de garantie de sécurité. Ni d'un point de vue individuel, pour le pays qui en est porteur, ni forcément d'un point de vue collectif, puisque cela ne conduit, en définitive, qu'à avoir une zone de non-présence, de non-stationnement de forces militaires et d'absence d'engagement à un moment où on voit que la sécurité collective portée par l'ONU est fortement remise en question.
Existe-t-il une meilleure garantie de sécurité lorsqu'on appartient à l'Otan ?
Ces garanties de sécurité existaient déjà au sein de l'Union européenne. Néanmoins, la garantie apportée par les États-Unis, notamment le parapluie nucléaire américain, semble offrir quelques garanties supplémentaires par rapport au simple parapluie nucléaire que la France aurait pu offrir à ses partenaires de l'Union européenne.
Symboliquement, cette entrée de la Finlande dans l'Otan est aussi très forte parce que, depuis la création de l'URSS, ces deux pays, la Finlande et la Russie, n'ont jamais eu des relations très cordiales...
La Finlande a une histoire très compliquée avec la Russie puisqu'elle a été détachée de la Suède pour être rattachée de force à la Russie après les guerres napoléoniennes. Elle a essayé de s'en détacher en 1917, au prix d'une guerre civile qui a été sanglante. Ce n'est que depuis la fin de la Guerre froide que la Finlande cherche à tout prix à s'ancrer à l'Ouest, en étant l'élève modèle de l'Union européenne. La guerre en Ukraine lui a offert l'opportunité de pouvoir rejoindre l'Alliance atlantique, qui était sans doute l'objectif de la diplomatie finlandaise ses trente dernières années. La Finlande a toujours vécu dans la menace russe, donc ce n'est pas un argument susceptible de venir impressionner les Finlandais d'une part. D'autre part, aujourd'hui, la menace russe est difficile à mettre à exécution puisque toutes les forces sont concentrées sur l'Ukraine. On n'imagine pas, à court ou moyen terme, la Russie être en capacité de mobiliser de nouvelles forces pour pouvoir les stationner auprès de la frontière finlandaise.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.