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Guerre en Ukraine : "La société est dans un état de survie", confient ces Russes qui ont "préféré ne pas partir" en vacances à l'étranger cet été

Cet été, de nombreux Russes n'ont pas eu envie de partir à l'étranger pour leur vacances comme ils le faisaient habituellement, pour d'autres les voyages ont été compliqués.
Article rédigé par Sylvain Tronchet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La station balnéaire d'Alushta sur la péninsule de Crimée, annexée par Moscou, le 18 juin 2023. (OLGA MALTSEVA / AFP)

La Russie est aujourd'hui le pays le plus sanctionné au monde. Mis au ban des nations, Moscou n'a jamais semblé aussi isolé sur la carte du monde, bien plus encore que du temps de l'URSS. Dans ce contexte, les Russes terminent leurs vacances d'été, alors que leur pays est dans sa deuxième année de guerre et qu'ils n'en voient presque rien depuis leur balcon de Moscou ou de Saint-Pétersbourg. 

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Ainsi, en apparence, rien n'a changé à Moscou : cet été, comme d'habitude, on a profité des terrasses ensoleillée et des plages installées au bord de la Moskova. Pourtant, certains Russes, comme Denis, n'ont pas eu envie de partir à l'étranger comme ils le faisaient habituellement. "Dès mars-avril, j'ai réalisé qu'il était préférable pour moi de ne pas partir, confie-t-il. Je sais que beaucoup de gens ont été mobilisés et je ne suis pas d'humeur à m'amuser d'une façon ou d'une autre. La société est dans un état de survie..."

Pour les Russes, l'été 2023 a marqué le retour des vacances "au pays", explique Ivetta Berdyan, de l'agence de voyage moscovite BSI. "La destination la plus populaire pour les Russes cet été a été bien sûr le tourisme intérieur : les stations balnéaires russes, ensuite, on trouve la Turquie, l'Égypte."

"Toutes les destinations où il y a des voyages aériens directs ont été privilégiés." 

Ivetta Berdyan de l'agence de voyage moscovite BSI

à franceinfo

L'absence de vols directs pour de nombreux pays qui ont suspendu leurs liaisons avec la Russie, les difficultés à obtenir des visas, la chute du rouble, les cartes de crédits russes qui ne fonctionnent plus à l'étranger... Autant de problèmes qui en ont refroidi beaucoup. Mais cela n'a pas arrêté Sofia, une designer de 25 ans qui est quand même partie pour l'Italie. "Mon voyage a été assez compliqué, estime-t-elle. Quand j'ai pris l'avion pour Rome, j'ai eu deux transferts et le voyage a duré environ 25 heures. Je n'ai jamais dépensé autant d'argent pour des vacances."

Difficile et coûteux de voyager à l'étranger

Sofia dit qu'elle a été bien reçue, partout où elle est allée, et qu'elle n'a jamais caché qu'elle était Russe. Mais elle sait que ces voyages en Europe seront de plus en plus rares à l'avenir. Même sentiment pour Katia, une cadre moscovite :"Bien sûr, j'aimerais voyager librement. Il me semble que si vous ne partez pas de chez vous, vous avez le sentiment que rien d'autre n'existe à part votre pays", confie-t-elle. 

"Je veux être optimiste. Dans les dix prochaines années, quelque chose changera et nous verrons d'autres pays. Mais pour l'instant, cela semble très coûteux, très difficile."

Katia

à franceinfo

Pour la classe moyenne russe, les voyages, en Europe, surtout, étaient devenus le symbole de la sortie de la grande crise qui avait suivi l'effondrement de l'URSS. Ils étaient devenus le signe clair que leur pays, longtemps fermé, entrait dans le monde. À Moscou, en apparence, rien n'a changé, mais pourtant rien n'est comme avant.

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