Guerre en Ukraine : la France est-elle vraiment le premier importateur européen de gaz russe ?
La France est devenue en février le premier importateur européen de gaz russe, selon les informations de l'agence gouvernementale russe RIA Novosti publiées jeudi 18 avril. La nouvelle a de quoi surprendre, vu la volonté affichée du gouvernement français de se désengager de sa dépendance au gaz russe et compte tenu des relations entre Paris et Moscou, particulièrement exécrables ces dernières semaines.
Du gaz naturel liquéfié russe via les contrats signés par Total
Si la France est devenue la première importatrice européenne de gaz russe en février dernier, sur un mois, ce n'est pas parce qu'elle s'est mise à en consommer plus. C'est parce que la Hongrie, premier acheteur habituel, en a consommé moins. Le régime de Viktor Orban, qui maintient une certaine proximité avec Moscou, continue d'acheter du gaz russe mais son pays, qui en importe par gazoduc, en a eu moins besoin en février.
La France, elle, n'importe presque plus de gaz russe par gazoduc mais achète toujours du GNL, du gaz naturel liquéfié russe. La faute notamment aux contrats signés par Total avant la guerre. La faute aussi à la difficulté de se désengager totalement du marché russe. Ceci dit, tout cela était connu : on le savait mais dans le contexte actuel des relations franco-russes, les médias gouvernementaux se sont emparés de cette information très symbolique. La France est une ennemie de la Russie mais elle achète toujours son gaz.
La part du gaz russe diminue en Europe, mais moins vite en France
Dans une certaine mesure, la France et l'Europe restent dépendantes du gaz russe. Mais ce que ne dit pas vraiment la presse russe, c'est que l'Europe a déployé d'énormes efforts pour sortir de cette dépendance. La part du gaz russe dans les importations de l'UE est passée de 40% avant 2022 à 15% fin 2023. À la place, l'Europe achète du gaz aux États-Unis, au Qatar et à l'Azerbaidjan notamment. L'UE s'est fixée pour objectif de ne plus importer du tout de gaz russe en 2027.
Pour la France, cette baisse est moins spectaculaire, de 17 à 15% selon des chiffres partiels. C'est beaucoup plus modeste mais la France était, au départ, moins dépendante du gaz russe que beaucoup de ses voisins. Elle importe moins par gazoduc mais elle achète toujours du GNL russe, un peu plus même l'an dernier. Mais financièrement, pour la Russie, la situation reste nettement bonne. Surtout dans un contexte de baisse des cours de gaz.
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