Champagne russe : "Il faut laisser un tout petit peu de temps aux diplomates", selon les professionnels français
Vladimir Poutine a décidé de nommer "champagne" les vins effervescents russes et de n'autoriser que la mention "vin pétillant" aux champagnes français. Un "choc" pour les professionnels français et un marché de quelque dizaines de millions d'euros en jeu.
Selon une loi signée par Vladimir Poutine, le 2 juillet, seuls les vins effervescents provenant de Russie peuvent désormais utiliser le mot "champagne", alors que le véritable champagne français doit lui prendre l'appellation "vin pétillant". "Évidemment, c'est un choc", a réagi Charles Goemaere, directeur général du comité interprofessionnel du vin de Champagne, mercredi 7 juillet sur franceinfo. "J'espère que le dialogue permettra de régler cette difficulté", a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Autrement, il menace de régler ce litige devant l'Organisation mondiale du commerce.
franceinfo : Quelle est votre réaction à cette nouvelle loi ?
Charles Goemaere : En tant que directeur d'une organisation chargée depuis 80 ans de défendre l'appellation champagne partout dans le monde, évidemment c'est un choc. Nous nous efforçons de convaincre partout dans le monde qu'il n'est de champagne que de la Champagne. Ce qui est le plus difficile à vivre, pour nous c'est de ne plus avoir le droit d'apposer notre nom sur les produits que l'ensemble de nos vignerons et de nos maisons de champagne sont tellement fiers de produire et pour lesquels, depuis 170 ans, ils se battent pour en faire connaître le nom et le faire protéger partout dans le monde. Cela étant, pour être tout à fait exact, aujourd'hui les bouteilles ne partent plus vers le marché russe et ceci depuis que Vladimir Poutine a signé la loi. Les bouteilles ne sont désormais plus conformes aux exigences russes et donc ne peuvent plus traverser la frontière.
Quel est le manque à gagner pour les producteurs de champagne ?
Le marché russe est un marché en volume qui reste relativement modeste. On expédie chaque année environ deux millions de bouteilles vers le marché russe. Cela étant, c'est le 15e marché du champagne, un marché important pour nous. Ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont aujourd'hui dans l'incertitude. Vous l'imaginez bien qu'à l'issue de la période extrêmement dure que l'on vient de traverser, c'est un coup particulièrement sévère porté à notre filière.
Les vins russes vont pouvoir s'appeler champagne, est-ce que c'est légal pour vous ?
Du point de vue de la régulation russe, aujourd'hui, c'est légal. Comme l'a souligné le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian lors de son intervention [mardi à l'Assemblée], des questions se posent sur la légalité internationale de cette réglementation. La seule chose que l'on espère, c'est de pouvoir réutiliser notre nom dans les meilleurs délais pour pouvoir à nouveau offrir aux Russes des vins de Champagne dans les meilleures conditions possibles. Aujourd'hui, on peut se satisfaire de la mobilisation rapide et de la réponse que les autorités françaises mais aussi européennes ont faite à notre appel à l'aide qui date d'avant hier. Je crois maintenant qu'il faut laisser un tout petit peu de temps aux diplomates pour prendre contact avec les Russes.
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