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Arctique: coup de froid entre Russes et Canadiens

Le Canada a lancé une démarche de reconnaissance de sa souveraineté sur une partie de l’océan Arctique. Cela relance la compétition avec la Russie qui a annoncé le renforcement de sa présence militaire sur place. Chacun cherche à récupérer les immenses ressources.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vue de l'océan Arctique à la verticale du pôle. (DR)

La glace réserve souvent des rencontres musclées entre Canadiens et Russes. Jusqu’alors cela se limitait au hockey. Cette fois, ce sont les icebergs de l’Arctique qui refroidissent les relations entre les deux pays. Enfin, pas trop les icebergs, mais plutôt les fonds sous-marins de l’océan Arctique, riches en pétrole et en gaz.

Il s’agit pour les deux pays, de faire rentrer la plus grande surface possible de l’océan Arctique dans sa zone économique exclusive (ZEE).
 
La ZEE est un secteur qui court le long des côtes des pays maritimes, et s’étend jusqu’à 200 milles en mer. Chaque pays a un usage exclusif des ressources qui s’y trouvent. Or, le pôle est entouré de cinq puissances riveraines: Russie, Canada, Danemark, Norvège, Etats-Unis.
 
Le différend entre la Russie et le Canada repose sur la «dorsale de Lomonossov». Une chaîne de montagnes sous-marines qui traverse l’océan sur 1800 km de long, du Canada à la Sibérie. Chaque pays en revendique la souveraineté.
 
En été 2007, les Russes ont tiré les premiers. Par 4200 mètres de profondeur, un bathyscaphe a planté un drapeau russe pile au niveau du pôle Nord, revendiquant ainsi la souveraineté du secteur. Pour Moscou, la dorsale de Lomonossov est la continuité géologique sous-marine de la Sibérie et donc de son plateau continental. Ce qui permet de gagner 1,2 million de km² de ZEE.
 
Le Canada ne l’entend pas de cette oreille, et veut prouver en cartographiant les fonds, que la dorsale est canadienne ! Un dossier va être déposé par Ottawa en ce sens aux Nations Unies, pour faire reconnaître par l’organe had hoc la souveraineté du pays.
«Les travaux visant à déterminer l'étendue complète de notre plateau continental dans l'Arctique se poursuivent», a indiqué le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.
 
La réplique de Moscou ne s’est pas fait attendre. Vladimir Poutine a ordonné le 10 décembre d’augmenter la présence militaire russe en Arctique. «La Russie s'investit de plus en plus dans cette région d'avenir», a ajouté le président russe. Un investissement qui consiste pour l’heure à remettre en service un aéroport militaire en zone polaire en Iakoutie et de moderniser celui de Severomorsk sur la mer de Barentz.
 
Il n’y aura sûrement pas de conflit armé russo-canadien sur ce dossier. Mais l’appétit des grandes puissances pour le pôle s’aiguise. Les effets du réchauffement climatique rendent désormais possible une exploitation de l’océan Arctique, aujourd'hui plus accessible l’été par les voies maritimes. De là à exploiter des richesses pétrolifères par 4000 mètres de fond, il y a encore une marge, mais aucun pays ne veut se laisser distancer.

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