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Union européenne: le «non» danois particulièrement suivi à Londres

Les Danois ont rejeté le 3 décembre, par référendum, l'adoption de plusieurs règles européennes en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière. Par ce vote, ils ont surtout marqué leur refus de pousser plus avant l’intégration européenne. Un message bien compris en Angleterre où doit se tenir en 2016 un référendum sur leur appartenance à l'Union Européenne.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
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Sur son site, le Dansk Folkeparti (Parti populaire danois) se félicite de la victoire du «non» au référendum du 3 décembre 2015. (Dansk Folkeparti)

A l'issue de cette consultation, qui portait en fait sur le degré d'intégration du Danemark au sein de l'Union, le «non» l'a emporté avec 53,1% des suffrages face au «oui», qui a recueilli 46,9% des voix.

La participation de 72% a été supérieure à ce que prédisaient les instituts de sondage. 

Dans ce vote, les Danois ont surtout suivi le seul parti qui appelait à voter «non», le très eurosceptique et souverainiste Dansk Folkeparti (Parti populaire danois, DF), alors que les partis traditionnels, de gauche comme de droite, appelaient à voter «oui».

Les Danois ont donc demandé en votant «non» que les exemptions qu’ils avaient obtenues lors de précédents votes dans les années 90 soit maintenues. «Les Danois savent que lorsqu'on laisse faire Bruxelles, les choses sont traitées de très loin dans un système non-transparent dans lequel nous perdons beaucoup de notre démocratie», a réagi le chef de file du DF, Kristian Dahl Thulesen. 

Les Danois se sont toujours montrés réservés sur l'intégration européenne. Ils avaient voté non à Maastricht en 1992 avant de négocier des aménagements concernant justement les textes qui viennent d'être soumis à référendum ce 3 décembre. C'est fort de ces aménagements (dans les domaines de la sécurité et la justice notamment) qu'ils avaient fini par adopter Maastricht, lors d'un nouveau référendum en 1993. 

Le Danemark n'a d'ailleurs pas adhéré à l'euro. La monnaie unique ayant été rejetée lors d'un référendum en 2000.

Un exemple suivi de près par Londres
Les tenants du «oui» ont expliqué cette large victoire des eurosceptiques danois par la situation en Europe, avec la crise des migrants et les attentats de Paris alors que les frontières de Schengen se ferment les unes après les autres. 

Au Royaume-Uni, où devrait se tenir un référendum sur l'appartenance du royaume au sein de l'Union européenne en 2016, le résultat a été plus commenté qu'en France. Le «mouvement anglais pour le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne» s'est félicité de cette victoire du «non» et a tweeté «le vote danois nous aiguillonne». 


Même tonalité chez le leader de Ukip, Nigel Farage, opposant anglais numéro 1 à l'UE, qui s'est aussi félicité de ce vote. Sur son compte twitter, il a écrit «reflux du sentiment pro-européen».


«Le sens de ce référendum est clair. C’est une nouvelle victoire pour le courant souverainiste et eurosceptique en Europe. Cette victoire témoigne de l’épuisement de l’idée européenne dans les opinions publiques et de la faillite du projet d’intégration renforcée que portent les européistes que ce soit à Bruxelles ou à Paris», estime pour sa part l’économiste Jacques Sapir, opposant à l’Europe de l’Euro.

Cet eurosceptique ajoute: «C’est aussi une victoire qui aura certainement une influence sur le futur référendum qui doit se tenir en 2016 en Grande-Bretagne sur une possible sortie de ce pays de l’UE.» 

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