"Un avocat sérieux qui mène une campagne ennuyeuse" : qui est le travailliste Keir Starmer, le potentiel nouveau Premier ministre du Royaume-Uni ?

Le juriste, âgé de 61 ans, pourrait être nommé Premier ministre à l'issue des élections législatives au Royaume-Uni, jeudi, dont les sondages donnent le parti travailliste gagnant.
Article rédigé par Richard Place
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Keir Starmer à Londres, le 5 janvier 2020. (SIMON DAWSON / REUTERS)

Une page historique se tourne jeudi au Royaume-Uni : les travaillistes devraient infliger une cuisante défaite aux conservateurs au pouvoir depuis 14 ans, à l'occasion d'élections législatives marquées par la poussée récente de la droite dure, jeudi 4 juillet, si l'on en croit les sondages.

Après les années Brexit, Covid, scandales et instabilité politique - le pays a connu trois Premiers ministres conservateurs en 2022 et cinq depuis 2010 -, les électeurs semblent vouloir du changement. Ils sont ainsi prêts à donner sa chance à Keir Starmer, un travailliste austère et peu connu de 61 ans, ancien avocat défenseur des droits humains puis procureur général, avant d'être élu député il y a neuf ans seulement... Même si sa stature de leader pose encore question.

Pourtant, en quatre ans à sa tête, il a changé le parti travailliste : recentré sa politique et exclu des membres de l’ancienne direction, accusés d’antisémitisme. En particulier, Jeremy Corbyn, son prédécesseur, bien plus à gauche que lui. Keir Starmer ne s’est pas fait que des amis.

"Mr Personnality"

Shelley Guest, élue locale travailliste à côté de Manchester, fait campagne pour la victoire de son parti. Mais quand il s’agit d’évoquer son leader, son enthousiasme s’estompe : "Vous ne pouvez pas toujours être en accord avec la personne qui dirige. Mais il faut surtout s’attacher à ce qui est mis en œuvre et je pense que nous avons la bonne personne pour faire bouger les choses", glisse-t-elle. Avant de prendre un ton plus moqueur hors micro : Shelley Guest surnomme Keir Starmer "Mr Personnality", pour pointer son manque de charisme.

Ce dernier a en effet pris les rênes de son parti lorsque Boris Johnson était Premier ministre, ce qui est tout sauf un hasard, décrypte le politologue Anand Menon : "Keir Starmer est le contraire de Boris Johnson. Il a même été choisi par son parti avec cette idée. D’un côté le bouffon, le clown et de l’autre, l’avocat sérieux, cérébral, raisonnable qui mène une campagne ennuyeuse sans vision d’avenir enthousiasmante."

Côté politique, le programme travailliste annonce un redressement des services de santé publique, plus de logements, de sécurité, d’écologie, moins d’immigration illégale... sans donner beaucoup de détails. Prudent, Keir Starmer se laisse jusqu’ici porter par la vague anti-conservateurs.

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