Couronnement de Charles III : la présence du vice-président chinois est vécue comme "une provocation" par un réfugié hongkongais au Royaume-Uni
Plus de 2 000 invités accèderont à l'abbaye de Westminster, samedi 6 mai, pour le couronnement de Charles III et Camilla. La présence du vice-président chinois Han Zheng qui a dirigé Hong Kong d’une main de fer, empêchant toute forme de contestation dans l'ancien protectorat britannique, est jugée "désolante" par Nathan Law. Cet ancien étudiant, qui fait partie des plus de 100 000 réfugiés venus de Hong Kong pour vivre aujourd’hui au Royaume-Uni, était à la tête de "la révolution des parapluies" en 2014 et risque la prison s'il retourne en Chine. Il estime que"Han Zheng représente une forme de terreur". Aujourd’hui, Nathan Law est l’une des voix qui dénonce ce qui se passe à Hong Kong.
franceinfo : À l’annonce de la venue de Han Zheng quelle a été votre réaction ?
Nathan Law : C’est désolant ! Quand Han Zheng était chargé des affaires de Hong Kong, il est apparu à plusieurs reprises à la télévision pour dénoncer tous les manifestants. Il était responsable de la répression et de la perte de nos libertés. Nous savons bien que tous que les chefs d'État sont invités pour ce couronnement. Mais le Royaume-Uni se dit prêt à délivrer de visas à des milliers de Hongkongais car ils affirment qu'il s'agit d'une voie humanitaire. Londres reconnaît donc la violation de la déclaration conjointe sino-britannique et du devoir du gouvernement chinois.
"Inviter Han Zheng, c'est vraiment un mauvais choix car les Hongkongais auront l'impression que vous invitez quelqu'un qui est responsable de toutes ces atrocités."
Nathan Law, ancien leader de "la révolution des parapluies"à franceinfo
En tant qu’ancien leader de la contestation à Hong-Kong, qu'est-ce que Han Zheng incarne à vos yeux ?
La détérioration de la liberté. La peur d'être persécuté. Je me sens vraiment très mal de savoir qu’il va venir ici. Très déçu. Il est celui qui apparaissait à la télévision pour menacer, éradiquer les manifestations, persécuter. Il représente une forme de terreur. Je veux juste dire : vous ne devriez pas accueillir quelqu'un comme ça.
L’invitation au couronnement était adressée à Xi Jin Ping, le président Chinois, c’est donc Pékin qui décide d’envoyer Han Zheng à sa place. Pensez-vous qu’il s’agit d’une provocation délibérée de la part de la Chine ?
Il est désormais vice-président donc évidemment, il doit assumer certaines fonctions diplomatiques, faire de la représentation. Mais oui bien sûr, c’est aussi une provocation en direction de tous les réfugiés hongkongais du Royaume-Uni. Nous sommes des dizaines de milliers ici. Le message est clair : 'Nous envoyons quelqu’un qui est directement responsable de la perte de vos libertés et de la persécution des habitants de Hong-Kong'. C’est une manière de montrer les muscles.
Pensez-vous que Londres aurait dû refuser sa venue ? Demander à Pékin d’envoyer un autre représentant ?
Bien sûr. J’espère au moins qu’ils feront part de leurs préoccupations, mais vu la position du gouvernement britannique actuel, c’est peu probable.
"Nous avons de plus en plus de signes qui nous montrent l’indulgence des autorités vis-à-vis de la Chine. C'est donc une autre de nos préoccupations."
Nathan Law, ancien leader de "la révolution des parapluies"à franceinfo
Le ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly a dit qu'il profiterait de la présence de Han Zheng pour un échange en tête à tête.
C’est logique. Il est normal de rencontrer les plus hauts responsables du pays. Mais il ne faut pas dérouler le tapis rouge. Il faut faire entendre des exigences, parler d’une voix forte. Il faut essayer de faire en sorte qu’il rende des comptes pour les atrocités commises en matière de droits humains. Si vous le rencontrez simplement parce qu'il est là sans demander de changements alors il y a un problème.
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