Londres : la colère gronde parmi les rescapés de l'incendie de la tour Grenfell
Trois semaines après l’incendie de l’immeuble qui a fait au moins 80 morts à Londres, les familles rescapées se sentent oubliées et demandent des comptes aux pouvoirs publics.
Après l'incendie de la tour Grenfell qui a fait au moins 80 morts à Londres le 14 juin dernier, les rescapés se sentent oubliés. Début juillet, ils attendent toujours un bilan précis du drame et des explications
Après l'effroi, puis le soulagement d'avoir échappé au pire, les habitants de la tour Grenfell ressentent de la colère. La gestion de la crise qui a suivi le sinistre fait polémique parmi les rescapés. Même si le gouvernement a débloqué près de 6 000 euros pour reloger chaque famille, plusieurs dizaines d'entre elles n'ont toujours pas de solution à long terme. Benazir Lacharie a habité 34 ans dans l'immeuble. Cette mère de famille a été évacuée à 3h du matin, la nuit du drame, après dit-elle, avoir vu ses amis se faire tuer dans la tour.
Ils m’ont mise dans un hôtel, à Victoria où il n’y a rien de prévu pour les enfants. Ils disent qu’il y a eu 80 morts, mais je sais que c'est beaucoup plus. Ils veulent juste mettre tout ça sous le tapis et ils attendent qu’on se taise.
Benazir Lacharie, rescapée de l'incendie
"On ne saura jamais"
La police n'a toujours pas réussi à établir le nombre précis des victimes. Les enquêteurs, masques sur le visage, continuent de chercher des indices au pied de l’immeuble de logements sociaux calciné. Maureen O’Neil, une voisine qui a grandi dans la tour, se dit convaincue que le véritable bilan ne sera jamais connu.
Il y avait des gens qui sous-louaient. Du coup ils ont probablement peur de venir le dire, parce qu’ils savent que c’est illégal.
Maureen O'Neil, une voisine de la tour Grenfell
Selon cette habitante, des familles enregistrées officiellement hébergeaient aussi des proches. Elle ne comprend pas non plus ce qui a pu se passer pendant la nuit tragique pour que l'incendie se propage aussi vite. "Normalement, les flammes montent. Mais là c’est descendu, c’est remonté, c’est passé à travers, sans aucune logique", dit-elle.
L'affaire envoyée au gouvernement ?
Les circonstances de l'incendie sont au cœur des critiques émises par l'opposition travailliste. La gauche pointe le manque de normes, assouplies par la politique d’austérité du gouvernement Thatcher dans les années 1980. Pour économiser 300 000 euros, l’office, gestionnaire des logements sociaux, a remplacé des panneaux de zinc par de l’aluminium, moins résistant. Robert Atkinson, conseiller municipal travailliste, en appelle au gouvernement, pour qu'il s'empare de la gestion de la crise pour régler les questions urgentes et le long terme. Robert Atkinson souhaite que le conseil local soit écarté et que le gouvernement envoie un émissaire.
Il faut une nouvelle politique en matière d’habitat social, avec des solutions pour héberger ces gens correctement à court terme. Ensuite, il faut une politique de logement décente et des constructions de maisons.
Robert Atkinson, élu local travailliste
La polémique ne se concentre pas à Londres, elle grandit ailleurs en Grande-Bretagne où les panneaux isolants de la tour Grenfell seraient présents sur la façade d’au moins 600 immeubles. Des tests ont été menés sur 181 d'entre eux. Résultat : ils sont tous non conformes aux normes anti-incendie.
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