Grande-Bretagne: la chasse aux mariages forcés
Cacher une petite cuillère dans ses sous-vêtements. C’est le très sérieux conseil donné par l’association britannique Karma Nirvana, pour lutter contre les mariages forcés.
Crée par Jasvinder Sanghera, une Britannique d’origine indienne qui a fui pour échapper à un mariage forcé, l’association travaille avec les aéroports de Heathrow à Londres, de Liverpool, de Glasgow et bientôt de Birmingham. L’astuce est aussi simple que surprenante. Quand une jeune fille se rend à l’aéroport avec sa famille, direction l’étranger où l’attend un mariage forcé, elle met une cuillère dans ses sous-vêtements pour faire sonner les détecteurs de métaux. Elle est alors emmenée par le personnel de l’aéroport dans un endroit à l’abri de ses parents et elle a ainsi une dernière chance de révéler qu’on veut la forcer à se marier.
Cette iniative s'inscrit dans le cadre d'une campagne menée par le gouvernement britannique contre les mariages forcés.
Des victimes d’âges et d’origines variés
En 2012, le Forced Marriage Unit, l’organisme d’Etat mis en place pour lutter contre le mariage forcé, a traité 1 500 cas. La plupart des victimes sont des femmes (18% des cas traités concernaient des hommes). Un tiers ont moins de 17 ans mais le problème touche tous les âges puisque l'organisme a eu à faire à des victimes âgées de 2 à 71 ans.
La grande majorité des personnes prises en charge par ces organisations sont originaires du sous-continent indien. Près de la moitié des victimes rencontrées par le Forced Marriage Unit sont d’origine pakistanaise, 11% du Bangladesh, 8% d’Inde et 2% d’Afghanistan. D’autres pays sont touchés comme la Turquie, la Somalie ou encore l’Irak.
Vers un durcissement de la législation sur le mariage forcé
La lutte que mène le Royaume-Uni contre les mariages forcés se joue également sur le terrain législatif.
En 2008, le Forced Marriage Act est entré en vigueur dans le pays. Ce nouveau texte permet à un certain nombre de tribunaux d’Angleterre et du Pays de Galles, désignés préalablement, de prononcer des ordonnances de protection pour des personnes risquant ou étant victimes d’un mariage forcé. Il s'agit notamment d'empêcher la célébration ou encore de confisquer les passeports.
Mais le gouvernement veut aller encore plus loin dans la répression des mariages non consentis. Il travaille depuis plus d’un an sur une loi criminalisant cette pratique, qui devrait être adoptée avant la fin 2013. La tache est néanmoins délicate et de telles iniatives controversées. Selon l’organisation Southall Black Sisters, chargée notamment d’un service national d’assistance téléphonique aux victimes de mariages forcés, la criminalisation ne serait pas d'une grande utilité. Elle explique que certaines victimes refuseraient de porter plainte pour ne pas voir leurs parents se faire arrêter. Pour l'association, la pratique risquerait alors de devenir clandestine.
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