"J'ai hâte que ce soit terminé" : au concert de Shawn Mendes à Paris, l'angoisse des parents après l'attentat de Manchester

"Ne t'éloigne pas trop, si un drame arrive je veux que tu sois près de moi." Un père de famille enlace sa fille, adolescente, dans la file d'attente du concert de Shawn Mendes à l'AccorHotels Arena, à Paris. Ce mercredi 24 mai, l'excitation des fans du chanteur pop canadien est teintée d'un soupçon de tristesse et de peur. Tous ont encore à l'esprit l'attaque qui a fait au moins 22 morts et une soixantaine de blessés à Manchester, lundi, à l'issue du concert d'Ariana Grande. 

"Tu crois que quelqu'un pourrait commettre un attentat ici aussi ?", demande une jeune fille à son amie en jetant un coup d'œil inquiet aux agents de sécurité en gilet jaune. Sur son site internet, la direction de la salle a annoncé, en coopération avec la police, avoir renforcé les mesures de sécurité. Deux contrôles ont été mis en place aux entrées. "Ils ne laissent rien passer", soupire un groupe d'adolescentes. Elles essaient de dissimuler les bouchons de leurs bouteilles d'eau dans leurs soutiens-gorge. "Sinon, ça va à la poubelle tout de suite", souffle l'une d'elles.

Un spectacle maintenu malgré le drame

L'AccorHotels Arena a annoncé, dès le lendemain de l'attentat, sa volonté de maintenir le concert, partageant l'avis de la maire de Paris, Anne Hidalgo. "Dommage", soupire un père de famille un peu dépassé qui accompagne ses enfants. Il regarde d'un air sceptique un groupe de jeunes filles en larmes à l'idée de voir leur idole. "Ça m'aurait évité deux heures de souffrance", plaisante-t-il pour détendre l'atmopshère.

D'autres parents tentent aussi de ramener un peu de légèreté. "Il faut continuer à vivre", martèle Anne. Cette grande brune est venue avec sa fille et son petit ami. "Ils sont jeunes, il faut qu'ils apprennent à profiter de la vie." Elise, une autre mère de famille, laisse ses enfants devant une longue file d'attente. Elle profitera du concert pour aller au restaurant. "Si on s'empêche d'être heureux, ça veut dire que les terroristes ont gagné." Mais cette philosophie n'est pas partagée par tout le monde. Une jeune fille de leur entourage a préféré rester chez elle. "C'est dommage, elle a perdu 60 euros et l'occasion de passer une bonne soirée", soupire Elise.

Cathy est plus fataliste. "Si un attentat doit arriver, ça arrivera. On ne peut rien prévoir", explique la jeune femme. Elle a briefé sa fille de 15 ans dans la voiture avant d'arriver à la salle.

Je lui ai dit de bien repérer les issues de secours, de regarder partout autour d'elle.

Cathy, mère de famille

à franceinfo

Sa fille, aux cheveux teints en vert, se bouche les oreilles. "Je ne veux pas entendre parler de ce qui s'est passé à Manchester, c'est trop stressant", souffle-t-elle. 

Des SMS pendant le concert pour se rassurer

Des policiers en civil patrouillent, talkie-walkie dans la poche, aux alentours de l'AccorHotels Arena. Des CRS barrent la rue de Bercy, qui longe à la salle, et indiquent leur chemin à une horde d'adolescents pressés de rencontrer, enfin, Shawn Mendes. "Tout ce que je peux dire, c'est que les contrôles prennent un peu plus de temps que d'habitude", explique Nina, 16 ans, une habituée des lieux.

A quelques mètres de là, un couple venu spécialement de Bretagne n'est pas du tout rassuré. "J'ai demandé à mes filles de me donner des nouvelles par SMS très régulièrement", confie Isabelle. Après les avoir déposées, elle refuse de s'éloigner. "Je vais trouver un café dans les environs, je suis trop stressée." Elle leur a pourtant proposé de renoncer au spectacle à plusieurs reprises. "Hors de question !" s'est exclamée l'aînée. "Je n'ai qu'une hâte, c'est que le concert soit terminé", soupire leur mère en lançant un regard vers son mari. Leur stress ne durera que deux heures, avant que leurs filles ne ressortent, ravies et sans encombres, du concert de Shawn Mendes.