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Ex-espion russe empoisonné en Angleterre : l'homme "ne présente aucun intérêt pour les services russes"

Alain Rodier, ancien officier des services de renseignements français, a estimé mardi sur franceinfo avoir "les plus grands doutes sur l'implication du Kremlin" dans l'empoisonnement d'un ancien agent russe au service du Royaume-Uni.

Article rédigé par franceinfo
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Un ancien agent russe au service du Royaume-Uni et sa fille restaient dans un état critique, mardi 6 mars 2018, hospitalisés en soins intensifs après avoir été exposés à "une substance toxique". (CHRIS J RATCLIFFE / AFP)

L'ancien agent russe au service du Royaume-Uni Sergueï Skripal, retrouvé inconscient sur un banc d'un centre commercial de Salisbury en Angleterre, "ne présente aucun intérêt pour les services russes en ce moment", a estimé mardi 6 mars sur franceinfo Alain Rodier. Le directeur de recherche auprès du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et ancien officier des services de renseignements français a "les plus grands doutes sur l'implication du Kremlin" dans cette affaire. Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a déclaré mardi que si l'enquête démontrait "la responsabilité d'un État", son gouvernement répondrait "de façon appropriée et ferme", faisant allusion à la Russie.

franceinfo : Le Kremlin est-il derrière cet empoisonnement ?

Alain Rodier : J'ai les plus grands doutes sur l'implication du Kremlin. Je ne vois pas leur intérêt actuellement à faire cela. On peut parler d'exemple pour les autres, mais cette personne avait été condamnée à treize années d'incarcération, ce qui n'est pas énorme. Du temps de l'URSS, pour les mêmes faits, il aurait été fusillé. D'autant que la peine requise était de quinze années d'incarcération, mais comme il avait beaucoup collaboré avec les autorités russes en "crachant le morceau", cette peine avait été diminuée à treize ans. Il a ensuite été échangé dans le cadre d'un échange de prisonniers.

Est-ce qu'il représentait un quelconque danger pour le Kremlin ?

Il ne présente aucun intérêt pour les services russes en ce moment, surtout pendant cette période électorale. D'autant qu'il n'était pas seul, lors de son échange il y avait trois autres agents, deux réfugiés aux États-Unis et un autre en Grande-Bretagne. Toutes les révélations qu'il avait à faire, il les a faites lors de son arrivée à Londres. Comme c'était un agent recruté par le MI6 britannique c'était à eux de gérer ce genre de cas et de lui assurer le gîte et le couvert.

Les agents doubles représentent-ils un danger majeur pour les services de renseignement ?

Cela fait partie de la guerre secrète. C'est classique et extrêmement ancien. Là, on ne peut pas parler d'agent double. Cette personne avait trahi la Russie au profit de la Grande-Bretagne contre rémunération en touchant 100 000 dollars depuis le milieu des années 90. Il aurait donné l'identité d'un certain nombre d'agents clandestins travaillant en Europe à l'époque. Nous sommes là dans un classique de l'espionnage où un service tente de recruter une source intéressante d'un pays adverse.

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