: Vidéo Quand Bachar Al-Assad séduisait la France : un numéro bien rodé
Le 8 juin 2017, "Envoyé spécial" revisite une relation sulfureuse. Entre le pouvoir français et le régime syrien, des années d'illusions et de manipulations qui débutent par un numéro de séduction très efficace. Extrait d'un "Document de Complément d'enquête", quand le dictateur passait presque pour un "people".
Entre le président syrien Bachar Al-Assad et la France, c'était alors la lune de miel. En septembre 2008, la France remet pour la première fois depuis six ans les pieds à Damas. Bachar Al-Assad joue la proximité avec Nicolas Sarkozy. Riad Nassan Agha, ministre de la Culture syrien aujourd'hui en exil, a assisté à leur dîner dans le vieux Damas : "On voyait bien, à la façon dont ils se parlaient, qu'ils avaient dépassé tous les vieux conflits, et qu'ils étaient devenus des amis." Le dictateur avait mis au point une stratégie de séduction bien rodée. Extrait du magazine "Envoyé spécial".
Des dîners au restaurant entre amis
"Charmant, prévenant, attentif..." C'est ainsi que le ministre de la Culture Fréderic Mitterrand, à l'époque familier des voyages entre Paris et Damas, décrit Bachar Al-Assad et les soirées avec le président syrien. "J'étais dans la voiture avec François Fillon [Premier ministre], et c'était Bachar qui conduisait. Tout ça était très sympathique. Nous sommes allés dans un restaurant avec Christine Lagarde [ministre de l'Economie], on avait l'impression d'être avec des amis."
"On était parfaitement lucides, précise-t-il. C'était une technique très, très forte de sa part, cette courtoisie anglo-saxonne."
Des balades en voiture avec Bachar au volant
La plupart de ses visiteurs français ont eu droit à ces balades en voiture. Le dictateur fait le chauffeur, Madame assise à ses côtés. Dans un portrait réalisé par la télévision française en 2009, on apprend que l'un des moments qu'il préfère, c'est rouler pendant trois heures en direction de la plage. Le journaliste Christian Malard, qui a été autorisé à filmer le dictateur pendant dix jours, se souvient d'un exercice périlleux. "Il nous a joué le grand jeu pour Occidentaux. J'avais l'impression que tout était fait sur mesure. Il fallait qu'il apparaisse sous ses meilleurs aspects. Aimable, sympa avec les gens..."
"Il s'est servi de nous, conclut le journaliste. C'est une totale falsification de son personnage, du régime syrien. On a accepté, en toute honnêteté quelque part, une forme de manipulation."
L'arme secrète du dictateur : sa très chic épouse
Des méthodes autoritaires du chef d'Etat, de l'absence de liberté d'expression, le reportage ne dit pas un mot. Pour détourner l'attention des médias occidentaux, Bachar a une arme secrète : son épouse, la très chic Asma. A chaque visite à Paris, il met en scène son couple, leurs déjeuners en amoureux, leur shopping dans les beaux quartiers. La séance photo de Paris Match fait le tour du monde. Le dictateur y passe presque pour un people.
Extrait de "Bachar : un ami encombrant", un "Document de Complément d'enquête" diffusé le 8 juin 2017 dans "Envoyé spécial".
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