: Vidéo Bruits de pas, son des câbles de torture : plongée dans la plus terrible prison du régime syrien
Peu de détenus sont sortis vivants de la prison militaire de Saidnaya, en Syrie. Les rares rescapés ont fait à Amnesty International des descriptions glaçantes : celles-ci ne sont pas visuelles, car les prisonniers sont gardés dans l'obscurité. Leur mémoire auditive a permis à des ingénieurs du son de reconstituer l'univers de Saidnaya. Extrait d'"Envoyé spécial".
Saidnaya, en Syrie : une prison militaire proche de Damas, inaccessible, où sont essentiellement détenus des opposants à Bachar El Assad. Aucune organisation internationale, aucun journaliste n’ont pu y pénétrer. Peu de détenus en sont sortis vivants. Les rescapés décrivent un enfer, dont Amnesty International a recueilli des descriptions glaçantes. Celles-ci ne sont pas visuelles, car les prisonniers ont les yeux bandés à leur arrivée et sont ensuite gardés dans l'obscurité. C'est leur mémoire auditive qui a permis de reconstituer l'univers de Saidnaya.
Des bruits de pas "comme si quelqu'un marchait sur du feu"
Dans cet extrait d'"Envoyé spécial", des ingénieurs du son travaillent avec les témoins. En faisant divers essais de bruitage, ils tentent de recréer l'univers sonore de la prison. Ils font écouter à ce Syrien qui a souhaité rester anonyme des échantillons de bruits de pas métalliques. Ceux des gardiens étaient encore plus rapides, se souvient-il, "ça faisait comme si quelqu'un marchait sur du feu, comme si ses pieds touchaient à peine le sol". Avec un peu moins d'écho, le résultat est jugé fidèle. Les ingénieurs ont ainsi pu reproduire le son des cellules bondées, ceux des salles de torture, le bruit des passages à tabac.
Un câble qui faisait "un bruit de marteau sur du métal"
Parmi les rescapés, Diab Serriya est celui qui a passé le plus de temps à Saidnaya : cinq longues années. Son récit permet de placer sur une zone de la maquette virtuelle, qu'il désigne sur un écran d'ordinateur, des pneus, des fouets et autres instruments de torture. Comme ces câbles électriques au "son piquant", que les ingénieurs ont pu modéliser. Diab, libéré au début de la révolution, en 2011, se souvient de chaque instrument de torture. "Il y avait un câble, c'était comme une grosse chaîne de vélo. Le son ressemblait à un bruit de marteau sur du métal." Comme ça ? "Comme ça, mais beaucoup plus fort." Ce son-là aussi a pu être reconstitué.
Extrait de "Syrie, les rescapés de l'enfer", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 18 octobre 2018.
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