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Vidéo Crimes de guerre en Syrie : depuis huit ans, il collecte les preuves contre Bachar el-Assad

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Complément d'enquête. Crimes de guerre en Syrie : depuis huit ans, il collecte les preuves du massacre
Complément d'enquête. Crimes de guerre en Syrie : depuis huit ans, il collecte les preuves contre Bachar el-Assad Complément d'enquête. Crimes de guerre en Syrie : depuis huit ans, il collecte les preuves du massacre (COMPLÉMENT D’ENQUÊTE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
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Pour l'ONG Human Rights Watch, Nadim Houry a répertorié les preuves des exactions de l'armée syrienne dans les prisons de Bachar el-Assad. Les documents collectés révèlent le recours systématique à la torture et mettent en lumière tout un système bureaucratique, prouvant "la responsabilité des gens qui étaient à des postes de commandement" en Syrie. Extrait de "Complément d'enquête".

Ses photos ont fait le tour du monde. Elles sont à l'origine des enquêtes sur les exactions commises dans les prisons syriennes. Son nom de code est "César", son identité est secrète. On sait que ce photographe de la police militaire a risqué sa vie pour exfiltrer 45 000 clichés de détenus torturés à mort dans ces prisons – 6 700 corps suppliciés, autant de preuves du recours systématique à la torture par le régime de Bachar el-Assad.

Tout transfert de corps nécessitait la signature d'un responsable

Nadim Houry, lui, enquête sur les crimes de guerre pour Human Rights Watch. Il a analysé à la loupe chacune de ces images. Parmi elles, il y a des documents qui montrent clairement que tout transfert de corps nécessitait la signature d'un responsable. Selon l'humanitaire, la bureaucratie administrative était telle que ces décès ne pouvaient pas avoir lieu à l'insu des autorités.

La puissance des photos de "César", explique-t-il à "Complément d'enquête", c'est aussi de montrer ce système. Elles deviennent ainsi "des preuves très importantes pour montrer la responsabilité des gens qui étaient à des postes de commandement".

Bureaux somptueux et torture médiévale en sous-sol 

Les preuves du massacre, Nadim Houry les collecte depuis huit ans. Sur la base de témoignages recueillis en Syrie, il a pu dresser une typologie des principales techniques de torture, tel le sinistre "tapis volant". En 2013, profitant de la confusion qui règne à Raqqa, avec Daech aux portes de la ville, il s'introduit avec une petite caméra dans une prison des services de renseignement que les militaires ont abandonnée dans leur fuite.

L'humanitaire connaît bien ce genre de bâtisse : "Aux premier et deuxième étages, il y a souvent le bureau du chef de la branche locale. C'est très somptueux, parfois avec des œuvres d'art, très paisible.... On descend, et c'est l'horreur – et c'est le même immeuble."

Au sous-sol, "on tombe face à face avec le matériel : des planches de bois… C'est pas de la haute technologie, c'est de la torture vraiment médiévale". Sur les murs, les messages de désespoir des détenus. Nadim Houry veut que Bachar el-Assad et son administration répondent de leurs actes face à un tribunal international.

Extrait de "Mon voisin, ce bourreau", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 9 mai 2019.

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