Syrie : une ONG dénonce une potentielle attaque au chlore
Une trentaine de civils ont été blessés après le bombardement de la ville de Saraqeb, dans le nord-ouest du pays, le 2 août. Une ONG évoque des armes "sales", qui pourraient être utilisées par l'armée loyaliste.
Ont-ils été victimes d'une attaque au chlore ? Une trentaine de civils ont été blessés dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 août dans la ville de Saraqeb, dans la province d’Idleb, située dans le nord-ouest de la Syrie. Une ONG affirme qu'il s'agit là d'une nouvelle attaque au chlore, et qu'elle pourrait avoir été perpétrée par l'armée loyaliste de Bachar Al-Assad.
Selon le récit livré par la Protection civile syrienne, un groupe humanitaire qui opère principalement dans les zones aux mains de la rébellion, des hélicoptères ont "largué des bouteilles de gaz sur le quartier résidentiel de la ville, dégageant une odeur de chlore. Une trentaine de personnes, dont 10 enfants et 18 femmes, auraient été asphyxiés." L'ONG dénonce l'usage d'armes chimiques, qui causent "terreur et panique" parmi la population.
"Ce n'est pas la première fois"
Des propos que semblent confirmer un médecin sur place. Ibrahim Al-Assad raconte ainsi au Guardian (en anglais) que les 29 victimes souffraient "de problèmes respiratoires et pulmonaires avec des symptômes bénins, modérés ou sévères".
Ils toussaient et avaient les yeux injectés de sang. Ils sentaient le chlore et les travailleurs de la Protection civile qui les ont sauvés ont aussi dit qu’il y avait une forte odeur de chlore sur le lieu de l’attaque.
L'attaque n'a pas été revendiquée pour le moment. Mais un Syrien met directement en cause le régime de Bachar Al-Assad. "Ce sont des hélicoptères qui ont décollé de l'aéroport d'Alep. Ils ont largué deux barils", raconte Fouad Basbous, un journaliste de Saraqeb, interrogé par Europe 1, qui a assisté au bombardement. "J'ai été très touché, mais ce n'est pas la première fois", explique-t-il. Néanmoins, par le passé, l'armée loyaliste a toujours nié avec vigueur avoir utilisé des armes chimiques et considère que ces accusations servent "des objectifs politiques".
Les seuls à avoir des hélicoptères qui volent à 5 kilomètres d'altitude, ce sont le régime syrien et l'armée russe.
Une enquête menée par l'ONU
Un bombardement qui, s'il était prouvé, pourrait être accablant pour le régime de Damas. L'usage du chlore comme arme de guerre est interdit par la Convention sur l'interdiction des armes chimiques du 13 janvier 1993, et Damas n'était plus censé faire usage d'armes chimiques depuis un accord de 2013. Début 2016, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a déclaré que l’arsenal chimique de Bachar Al-Assad avait été détruit "à 100%".
Après l'attaque, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), s'est dite "extrêmement préoccupée" dans un communiqué du 3 août. L'OIAC explique que l'organisation continue "d'examiner tous les rapports crédibles qu'elle reçoit, y compris des informations pertinentes qui pourraient être partagées par les États [qui ont ratifié] la Convention sur l'interdiction des armes chimiques".
De son côté, un groupe d’experts mandatés par l’ONU enquête sur neuf attaques chimiques dans ce pays. Les résultats devraient être rendus publics dans les prochains jours.
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