Syrie : Amnesty International dénonce une torture généralisée dans les prisons du régime
L'ONG a receuilli le témoignage de 65 anciens détenus passés dans une prison du régime et accusés d'être des opposants de Bachar Al-Assad.
Electrocutions, brûlures à l'eau bouillante, viols... Le régime de Bachar Al-Assad a eu recours à la torture à "grande échelle" dans ses prisons où plus de 17 700 détenus ont péri en cinq ans de guerre, accuse Amnesty International, jeudi 18 août. L'ONG dénonce la "cruauté sous sa forme la plus vile" du pouvoir syrien.
"Les surveillants nous traitaient comme des animaux. J'ai vu le sang couler, on aurait dit un fleuve", affirme Samer, un avocat, après son passage derrière les barreaux. Son témoignage figure parmi 65 récits d'ex-détenus qui ont croupi dans les prisons des services de renseignement et dans la prison militaire de Saydnaya, près de Damas.
Les actes de torture y sont "généralisés et systématiques contre tous les civils soupçonnés d'être contre le régime", ajoute l'ONG, qui évoque des "crimes contre l'humanité".
Aujourd'hui, publication de notre rapport sur l'enfer des prisons syriennes. https://t.co/OOxzcrxQDT
— Amnesty France (@amnestyfrance) 18 août 2016
Les anciens détenus ont raconté de sinistres rituels à Amnesty International, notamment "la fête de bienvenue", durant laquelle les nouveaux détenus sont "roués de coups" au moyen de barres de fer, de plastique ou de câbles électriques. La plupart des victimes d'exactions "ont raconté avoir vu des personnes mourir en détention, et certaines ont affirmé s'être retrouvées avec des cadavres dans leur cellule", poursuit l'ONG.
Plus de 17 000 morts dans les prisons syriennes
"Le caractère systématique et délibéré de la torture et des autres mauvais traitements à la prison de Saydnaya témoigne d'une cruauté sous sa forme la plus vile et d'un manque flagrant d'humanité", dénonce Philip Luther, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amnesty. L'ONG dénonce également des "procès iniques" et fait état de "nourriture insuffisante, de soins médicaux limités et d'absence d'installations sanitaires adaptées" dans les prisons.
Au moins 17 723 prisonniers sont morts en détention depuis le début de la guerre en mars 2011. Soit en moyenne plus de 300 décès par mois, d'après l'ONG. Mais selon elle, les chiffres réels sont bien plus élevés, car il faut ajouter des dizaines de milliers de disparitions forcées. De nombreux prisonniers ont été libérés soit après des différentes amnisties décrétées par le régime ces dernières années, soit après des échanges de prisonniers ou après des procès et se trouvent dans des lieux non précisés.
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